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L’AUTRICHE-HONGRIE
EN BOSNIE-HERZÉGOVINE

NATIONALITÉS, RELIGIONS, GOUVERNEMENT

On a beaucoup parlé de l’Autriche-Hongrie, chez nous, en ces dernières années, et, dans les discussions ou les écrits sur l’empire des Habsbourg, on n’a pas toujours fait preuve du tact et de la réserve qui conviennent à l’étude d’un grand État européen. Voyageurs et journalistes se sont mis à disserter sur la prochaine désagrégation de la monarchie autrichienne, comme si cette hypothèse était de celles qui s’imposent naturellement à l’esprit, ou comme si le grand empire danubien était une création artificielle et éphémère, un État viager dont l’existence fût liée à la vie de son chef. À en croire les inquiétudes de jeunes publicistes, il semblerait que l’empereur François-Joseph, dont la verte vieillesse peut heureusement se promettre encore de longues années, dût être le dernier souverain de la maison de Habsbourg. Sous la double action de la poussée du dehors et du travail interne des rivalités nationales, l’assemblage bigarré qu’on a appelé la mosaïque autrichienne serait-il à la veille de s’écailler et de s’en aller en morceaux, au profit de l’ambition d’États plus jeunes et plus homogènes ? Pour être plus répandues ou plus bruyantes qu’autrefois, de pareilles appréhensions ne sont pas nouvelles dans l’histoire. Déjà, plus d’une fois au cours des derniers siècles, l’existence de l’Autriche a été mise en question