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vérifièrent cette vue. Elle découlait trop naturellement des faits acquis à propos de la filariose pour ne s’être pas présentée à l’esprit de Laveran, de R. Koch et de tous ceux qui ont étudié le paludisme. On supposait, avant de savoir. Enfin, en ce qui concerne la fièvre jaune, les travaux de Ross, de Grassi, et de P. Monson, sur les deux affections précédentes, tracèrent la voie aux médecins américains. Le plan des expériences était tout indiqué MM. Ames, Cook, Rees et la commission cubaine ont eu le mérite de les exécuter d’une manière irréprochable. Leurs expériences semblent entièrement démonstratives.


II

Il y a environ vingt ans que Patrick Monson a montré l’intervention du cousin domestique d’Australie (cilliaire) dans la propagation de la filariose. C’est une affection grave des pays chauds, dont les manifestations sont variées, mais offrent le caractère commun d’être provoquées par la pénétration dans l’organisme d’une sorte de ver nématode, la filaire. La filaire du sang de l’homme, ou filaire de Bancroft, est plus ou moins commune dans les contrées marécageuses de l’Égypte, aux Barbades, au Brésil, dans l’Inde et en Australie. C’est dans ce dernier pays, à Brisbane, dans le Queensland, que le Dr J. Bancroft l’a découverte, en 1876, en ouvrant un abcès lymphatique du bras chez un malade. Son aspect est celui d’un petit ver, comptant 5 à 6 centimètres de longueur, et fin comme un cheveu. Le mâle et la femelle vivent côte à côte. Celle-ci produit à un certain moment des œufs qui se développent, dans son corps même, en embryons filiformes, et sont expulsés à l’état vivant ; elle est donc vivipare.

Les vers adultes se tiennent logés dans les vaisseaux lymphatiques c’est leur siège d’élection. Ils entravent plus ou moins le cours de la lymphe et amènent, en amont du point où ils séjournent, une dilatation irritative de l’appareil lymphatique cutané et une infiltration du tissu conjonctif. De là un épaississement et une tuméfaction qui déforment le membre et donnent, au pied par exemple, un aspect massif qui le fait ressembler vaguement à celui de l’éléphant. C’est l’éléphantiasis des Arabes. Ces tumeurs, habitées, au début, par une filaire, peuvent se former encore en d’autres points que le bras ou la jambe et prendre quelquefois un développement véritablement monstrueux. D’après M. R. Blanchard, à qui nous empruntons beaucoup de nos renseignemens, on peut voir, en Chine, des individus chez lesquels la masse