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maladie. Il n’en est pas de même dans les pays chauds. C’est un cousin, C. ciliavis, qui propage la grave affection connue maintenant sous le nom de filariose, et qui n’est autre que la fièvre hématurique ou hémato-chylurique des Asiatiques et des Australiens et l’éléphantiasis des Arabes. C’est à un autre cousin, C. fasciatus, que l’on attribue, depuis les récentes expériences de MM. Reed, Jas, Carroli et Agramonte, la transmission de la fièvre jaune ou vomito negro, qui ravage les contrées littorales d’une partie de l’Afrique et de l’Amérique… Enfin, l’on soupçonne un Culex, d’espèce indéterminée, d’être l’agent de contamination de la lèpre.

Quant à l’extension géographique des moustiques, elle est très considérable. On en trouve dans les cinq parties du monde. Si l’Europe n’en héberge que trois genres, les Culex, les Anophèles et les Aëdes, en revanche les espèces y sont assez nombreuses : on y compte vingt-cinq espèces de Culex, quatre d’Anophèles et deux d’Aèdes. La situation est à peu près la même pour l’Asie et l’Afrique. L’Amérique et l’Océanie sont plus riches.

Il importe de remarquer que, si les moustiques se développent avec une abondance incroyable dans les climats chauds, ils ne font pas entièrement défaut dans les zones froides. On en rencontre jusque dans le cercle polaire. Il y a des régions froides qui sont rendues intenables par la pullulation de ces diptères : par exemple, à Terre-Neuve. Il est vrai de dire que, dans ce cas, ce n’est point aux véritables Culicidés que l’on a affaire, mais à une famille voisine, celle des Simulies.

Si l’on veut bien considérer la direction générale des notions acquises, et, d’autre part, le peu de temps qui s’est écoulé depuis que l’attention a été appelée sur ce mode de propagation des maladies, on sera amené à penser que la liste des affections dues à l’intervention des moustiques ne demeurera pas restreinte aux trois ou quatre que nous venons d’énumérer. La première pour laquelle la preuve du rôle des moustiques ait été faite, c’est la filariose. Il y a longtemps que Patrick Monson, l’éminent parasitologiste anglais, a montré que la filaire du sang avait pour hôte, pendant une partie de son cycle évolutif, une espèce de cousin, le Culex ciliaris. Il n’y avait qu’un pas à faire pour appliquer cette notion au paludisme. Après que Laveran eut fait connaître le parasite de cette affection, P. Monson eut l’idée que les lacunes constatées dans le cycle.évolutif de cet hématozoaire pourraient être trouvées chez le moustique, ainsi que cela avait eu lieu pour les lacunes du cycle de la filaire. Ses élèves, R. Ross surtout,