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l’évêque de Luçon, n’encourageait par la familiarité ; il s’appelait François Langlois, sieur de Fancan ; il était chantre et chanoine de l’église Saint-Germain l’Auxerrois.

Il venait d’Amiens. Il avait été attaché d’abord, à la famille très catholique de Longueville, c’est-à-dire aux Soissons et aux Guise, et il avait su gagner la confiance de cette fameuse comtesse de Soissons qui était l’intrigue en personne, et dont, pendant quelques années, il avait géré les affaires. Habile à s’insinuer, il s’était fait charger, vers 1617, par M. de Longueville, d’une mission en Suisse, pour y traiter une affaire particulière à laquelle le duc de Savoie était également intéressé. Était-ce là qu’il avait pris une première teinture des affaires extérieures et un premier contact avec les protestans du dehors ? Ce qui est certain, c’est qu’il avait manigancé, à cette époque, un rapprochement entre messieurs de Berne et le duc de Savoie et que, quoiqu’il fût clerc et familier d’une puissante maison catholique, il se prononçait très crânement contre la politique pontificale ; il écrivait, dès lors : « Dieu nous garde du conseil des bigots ! » Son langage imprudent avait attiré l’attention, et peu s’eu fallut que le roi de France ne donnât, à son ambassadeur en Suisse, l’ordre de le faire arrêter.

Rentré en France, il avait d’abord humé le vent de la faveur, et il avait essayé de se glisser dans les bonnes grâces de Luynes, devenu, par suite d’un échange avec le duc de Longueville, gouverneur de la Picardie. Mais ses services n’avaient pas été agréés ; et, par dépit peut-être, il s’était jeté dans l’opposition, probablement au moment où la comtesse de Soissons et M. de Longueville, quittant la Cour, s’étaient réfugiés à Blois, auprès de la Reine-Mère, et avaient donné ainsi le signal de la rébellion.

Est-ce à ce même moment, et dans le tumulte des semaines où se préparait l’affaire des Ponts-de-Cé, qu’il s’insinua auprès de l’évêque de Luçon ? C’est ce qu’il est difficile de préciser. Quoi qu’il en soit, son frère, Dorval-Langlois, était l’intendant des affaires particulières de l’évêque ; il semble bien que celui-ci avait été présenté au futur cardinal par les Bouthillier, dont les origines, comme celles des La Porte, étaient picardes ; depuis longtemps, d’ailleurs, un Langlois était, comme on disait alors, de la domesticité des Richelieu.

En 1618, Fancan apparaît, auprès de l’évêque de Luçon,