Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 7.djvu/709

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rempli de belles œuvres, est à l’étroit, et le classement y est fait, à cause de cela même, dans les plus mauvaises conditions. Un cri d’alarme a sauvé le Musée de Lille, mais après quelles craintes ! Le célèbre Musée Lécuyer, à Saint-Quentin, est riche d’environ quatre-vingts pastels de La Tour ; il ne peut songer à augmenter sa collection, quand un droit d’entrée fixe le lui permettrait à coup sûr. C’est pis encore au Musée Ingres de Montauban : quatre mille dessins du maître, sur cinq mille environ qu’il légua à sa ville natale, en 1867, moisissent dans les cartons : qui oserait prétendre le contraire ? Il suffirait de quelques billets de mille francs pour que pût s’agrandir le Musée Ingres. Où les trouver ? La ville est pauvre, son commerce n’existe plus, et ses ressources budgétaires sont étroitement limitées. Le droit d’entrée, ici encore, donnerait la solution du problème. Peut-être, alors, pourrait-on obtenir qu’on ouvrît de nouvelles salles ou qu’on achetât des cadres mobiles. Alors aussi, un catalogue serait-il sans doute imprimé de la riche collection que la ville de Montauban doit à la fidélité de J. -A. -D. Ingres ?

Enfin, quelles villes de France possèdent (des musées d’art industriel ? Paris aura le sien bientôt au Pavillon de Marsan, et il n’est que temps. Lyon a son Musée des soieries et Saint-Etienne son Musée d’art et d’industrie, que personne ne voit d’ailleurs. Et c’est tout. Voilà où en est la France au début du XXe siècle ! C’est une réorganisation de nos musées de province qui s’impose. C’est tout un programme de créations de musées d’art d’industriel qu’il faudra bien qu’on élabore quelque jour, si nous ne voulons pas que notre suprématie dans l’industrie d’art disparaisse entièrement au profit de l’Allemagne et de l’Angleterre.

Mais voyons, du moins, à quels systèmes l’étranger a dû se résoudre.

Ces systèmes sont de trois ordres : 1° la gratuité en tout temps ; 2° système mixte : gratuité seulement à certains jours, le dimanche et les jours fériés, ou le jeudi et le dimanche ; 3° le droit d’entrée sans réserve en tout temps, y compris les dimanches et jours fériés. Le système mixte est celui qui prédomine, comme on le verra, dans tous les pays d’Europe, la Hollande exceptée ; il est employé dans cinquante-quatre musées ou galeries ; le système du droit d’entrée sans réserve fonctionne seulement dans huit musées ; enfin, la gratuité est acquise dans trente-trois musées, notre enquête ayant porté sur quatre-vingt-quinze musées, en dehors de la France.

En voici le détail :