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de l’Aude connaît à merveille toutes les questions qui intéressent l’Administration des Beaux-Arts en France. Il est de ceux qui n’ont jamais marchandé leur actif dévouement à fait en général et aux artistes en particulier, et si, dans cette question du droit d’entrée, nous sommes absolument séparés par des idées tout à fait opposées, ce nous est une raison de plus pour lui rendre hommage.

« Comme M. Denêcheau, — déclarait M. Dujardin-Beaumetz, — je désire voir combler les vides de nos collections ; comme lui j’estime insuffisant le crédit annuel de 162000 francs voté par les Chambres ; comme lui, je pense qu’une telle situation ne peut durer. Mais qu’il me permette de lui dire que le remède qu’il nous propose me paraît pire que le mal qu’il veut enrayer. »

M. Dujardin-Beaumetz se prononçait donc pour la liberté complète, « artistes et artisans, poètes, archéologues, tous pouvant trouver au Louvre l’inspiration qui crée… »

« Messieurs, disait-il, vous laisserez le Louvre gratuitement, largement ouvert, et vous ne le fermerez pas par des barrières fiscales, à l’heure précise où les penseurs attendent de l’union de nos artistes et de nos artisans l’admirable éclosion d’une renaissance française. »

La Chambre, en effet, repoussait le régime du droit d’entrée par 394 voix contre 135.


V

Du moins nos Musées nationaux ont-ils été mieux dotés par le Parlement ? Au contraire. M. Dujardin-Beaumetz, dans son discours de 1897, parle d’une subvention de 162 000 francs. Son propre rapport de 1899, pour l’exercice 1900, comme celui de M. G. Berger pour l’exercice 1901 et celui de M. Ch. Couyba pour 1902, porte que la subvention n’est plus que de 160 000 francs. Bien loin d’en augmenter la quotité, on l’a diminuée ! Le Louvre a-t-il pu enfin, grâce à la Caisse des musées, combler les graves lacunes que son rapporteur de 1897, avec bien d’autres, regrettait amèrement ? Certes il a fait de son mieux. Mais voyez ce que dit, — deux ans après la discussion de l’amendement Denêcheau-Plichon, — M. Dujardin-Beaumetz lui-même :

« Certaines époques de l’art et certaines écoles sont largement représentées au Louvre, d’autres trop insuffisamment.

« On y voudrait voir plus de primitifs italiens, flamands, allemands, et surtout les maîtres primitifs français ; nos deux portraits d’Albert Dürer sont d’importance secondaire ; notre collection