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concerne le personnel si mal rétribué du Louvre, du Luxembourg, de Versailles et de Saint-Germain, nous citerons ce qui traite du problème du droit d’entrée, abordé de front, répétons-le, par un homme dont la compétence n’est discutée par personne, non plus que son libéralisme intelligent.

« Votre Commission, émue du sort qui est ainsi fait à tous nos musées nationaux, se demande s’il ne convient pas d’établir des droits d’entrée à la visite de ces musées et à celle de nos palais nationaux. On prétend que cette mesure serait antidémocratique ; on a le droit de se demander pourquoi et comment ? Il ne s’agirait pas, en effet, de faire payer tout le monde et tous les jours. Le dimanche et le jeudi, l’entrée serait gratuite ; le lundi continuerait à être réservé pour le nettoyage, quand il le faudrait absolument. Un droit d’entrée de 1 franc serait fixé pour les autres jours, et peut-être pourrait-on élever ce droit d’entrée pendant l’un de ces jours. L’administration distribuerait largement des cartes personnelles accordant la fréquentation gratuite des musées aux artistes, aux ouvriers de l’art décoratif et à toutes les personnes qui justifieraient de leur besoin à pénétrer dans les musées pour leurs études ; mais elle pourrait se montrer moins prodigue de permissions envers certains copistes qui encombrent les galeries et viennent en définitive y exercer une industrie lucrative. Est-il donc d’une démocratie bien entendue d’ouvrir les portes de nos musées et de nos palais nationaux aux vagabonds qui s’y introduisent pour se chauffer l’hiver et prendre le frais l’été ? Les églises profitent de troncs et de quêtes pour les frais du culte. Les musées sont les sanctuaires de l’art : peu de fidèles s’en écarteraient, si l’on exigeait d’eux un léger sacrifice d’argent pendant trois jours de la semaine. Qui donc a jamais critiqué sérieusement les redevances d’entrée perçues par beaucoup de musées étrangers ? Ceux d’Italie ne coûtent pour ainsi dire rien au Trésor, par ce moyen. A Londres, le Musée du South Kensington a établi un droit de 0 fr. 60 par personne les mercredis, jeudis et vendredis ; la recette qui en résulte lui permet d’ouvrir ses salles gratuitement jusqu’à 10 heures du soir, les lundis, mardis et samedis. La National Gallery n’est pas accessible gratuitement les jeudis et vendredis. Les ressources qui proviendraient d’un droit d’entrée dans les musées et palais nationaux de France seraient considérables ; elles permettraient au Trésor d’encaisser des sommes importantes, en laissant d’abord leur part à nos musées nationaux pourvus de la personnalité civile. Ceux-ci pourraient alors être remaniés comme il convient dans leur organisation, de façon que leur personnel de tous grades soit rémunéré suivant ses mérites