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tierce, c’est-à-dire quotidienne. Et enfin, s’il s’agit du Laverania malariæ, la fièvre sera irrégulière. Ajoutons que des anophèles différemment infectés pourront inoculer des groupes différens dont les types fébriles se superposeront d’une manière complexe.

La même série de phénomènes se reproduira plus ou moins longtemps, mais non indéfiniment. Une loi générale de la physiologie veut que la génération agame, en particulier la sporulation schizogonique que nous venons de décrire, n’ait qu’un temps. Elle ne suffit pas à assurer la perpétuité de l’espèce ; sa vertu s’épuise. Des individus sexués doivent apparaître à un certain moment du cycle évolutif, se conjuguer et créer par leur union une nouvelle forme rajeunie. C’est ce qui arrive ici. Au lieu des spores ordinaires, on voit se montrer, à un moment donné, des formes modifiées, mâle (microgamète) et femelle (macrogamète). Elles attendent, dans le sang de l’homme guérissant de sa fièvre palustre, qu’un nouveau moustique, en piquant sa victime humaine, s’inocule lui-même ces formes sexuées. Si la conjoncture ne se produit point, ces formes d’attente se détruiront dans le sang de l’homme : elles se sont perdues. Si elle se produit, les formes sexuées se conjoindront, et de leur union naîtra, dans l’organisme du moustique, la forme d’hématozoaire que nous avons appelée sporozoïte et qui sera capable d’inoculer de nouveau, à l’homme, l’infection palustre. Ainsi se fermera le cycle évolutif de l’espèce[1].


V

Il y a peu d’affections qui aient reçu autant de noms divers que le paludisme. Un seul conviendrait ; ce serait celui d’hémo-sporidiose, proposé par M. Neveu-Lemaire, parce qu’il est tiré du caractère fondamental, la présence de l’hématozoaire. Mais il existe déjà trop de noms, pour qu’on soit disposé à en adopter un de plus. Tous d’ailleurs sont impropres ; ils donnent de l’objet

  1. Ce rôle des moustiques dans l’évolution du parasite paludique exigerait quelques éclaircissemens supplémentaires que nous ne pourrions donner qu’en parlant d’affections différentes, telles que la filariose, dont l’histoire a précisément servi à deviner celle du paludisme. — Il y aurait aussi à faire ressortir les conséquences pratiques de ces notions pour la prophylaxie de l’infection palustre. La place manquerait ici. Nous pourrons examiner toutes ces questions, dans une étude sur le rôle des moustiques dans la pathologie de l’homme et des animaux.