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l’homme même, des piqûres du cousin ordinaire (Culex pipiens).

La connaissance des hématozoaires des oiseaux est due au naturaliste russe Danilewsky. Dès l’année 1885, il décrivit les parasites du sang de la pie, du geai et du hibou. Quelques années plus tard, Grassi et Feletti observaient, en Sicile, ceux des pigeons et des moineaux. On les a signalés, depuis, chez un très grand nombre d’espèces, l’alouette, le pinson, le verdier, le faucon, la buse, la corneille et le corbeau. L’observation de ces derniers a fourni des documens précieux pour l’histoire du parasite humain. C’est sur le corbeau d’Amérique que Mac Callum, en 1897, a observé le rôle d’élément mâle (microgamète) joué par l’hématozoaire, qui prend, alors, l’aspect d’un filament délié ou flagelle. De même, parmi les autres formes que revêt, au cours de son évolution, l’hématozoaire du paludisme, celle d’une sphère granuleuse à noyau clair caractérise le parasite femelle (macrogamète) ; et c’est sur le pigeon du Sénégal que M. Mar-choux, en 1899, a observé le fait décisif de la fécondation de cet élément femelle par le flagelle mâle. Les phases de l’évolution du parasite, qui eussent échappé chez l’homme, ont été, ainsi, commodément observées chez l’oiseau.

Chez les vertébrés à sang froid, on trouve aussi, occasionnellement, des hématozoaires. Ils sont encore, par leur organisation générale, comparables à ceux de l’homme. Nous n’entendons point dire par là que la grenouille ou la tortue, à vivre dans leurs marécages, y prennent la fièvre tierce ou la fièvre quarte. Non ; chaque espèce a sa manière d’être malade, sa façon de réagir contre le parasite et d’en souffrir. Nous en savons peu de chose ; au-dessous des espèces domestiques, nous sommes très ignorans de la pathologie animale. La médecine humaine n’est donc pas intéressée, au moins directement, à ces études de parasitologie comparée. La zoologie l’est, au contraire, à un haut degré. Aussi sont-ce des naturalistes qui ont exploré ce champ, où aucune récolte n’est regardée comme trop humble. Les divers hématozoaires de la grenouille ont été examinés attentivement par des observateurs éminens, comme Gaule, en 1880, et Ray-Lankester, en 1882, et ultérieurement par Kruse, Danilewsky, A. Labbé, Metchnikoff et Gabritshewsky. Il n’y a pas d’intérêt à rappeler ici le résultat de ces observations, non plus que tout ce qui a été fait, dans le même ordre d’idées, chez les tortues, les lézards et les serpens.