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entamées pour la perception de droits de navigation sur l’Elbe.

On voit donc que la tendance du gouvernement prussien est non seulement de maintenir les péages sur les voies qui en sont actuellement pourvues, mais même d’en élever le taux pour tenir compte des dépenses nouvelles et d’étendre ces péages aux voies naturelles qui en étaient exemptes jusqu’ici.

Pour achever la comparaison entre les deux pays, il nous reste à indiquer les résultats obtenus au point de vue du trafic. Ces résultats sont absolument comparables en ce qui concerne le tonnage des marchandises transportées, qui a atteint, en 1899 33,4 millions de tonnes sur les voies navigables de l’Allemagne et 33 millions sur celles de notre pays[1]. Cette égalité est d’autant plus remarquable que la situation est complètement différente pour les transports par chemins de fer, dont le tonnage est deux fois et demi plus élevé en Allemagne qu’en France (341 millions de tonnes contre 125 en 1899). La conséquence est que, sur la totalité du tonnage transporté par eau et par rails, la part de la navigation atteint 22 pour 100 en France, tandis qu’elle n’est que de 9 pour 100 en Allemagne. En 1875, elle était de 18 pour 100 ici et de 12 pour 100 là-bas[2]. Il y a donc eu en France, dans le dernier quart de siècle, une progression de la navigation, par rapport aux autres moyens de transport, alors que l’inverse se produisait en Allemagne.

En définitive, c’est chez nous que les intérêts de la navigation paraissent avoir été le plus favorisés. Telle est d’ailleurs l’opinion qui prévaut chez nos voisins.

  1. La situation se modifie, si l’on envisage des deux côtés non plus le tonnage absolu, mais le tonnage kilométrique, c’est-à-dire le produit du poids des marchandises transportées par le nombre de kilomètres qu’elles ont parcouru : ce produit est, pour l’année 1899, de 10 700 millions de tonnes kilométriques en Allemagne, contre seulement 4 489 en France. Mais cela tient exclusivement à la différence des parcours (320 kilomètres en moyenne d’un côté, 136 seulement de l’autre), et cette différence provient elle-même de ce que les deux pays n’ont ni la même configuration géographique, ni la même répartition des richesses minières et agricoles, ni les mêmes conditions d’existence.
  2. Guide de l’Exposition du ministère des Travaux publics de Prusse. Paris, 1900.