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XVIIe et XVIIIe siècles. En 1877, on évaluait à 2 300 kilomètres la longueur utilisée effectivement par la navigation, et, à l’exception du canal Louis, construit, vers 1840, pour relier le Mein au Danube, les seules voies de jonction entre les fleuves et les rivières navigables dataient des siècles précédens ; les principales étaient : le canal Finow, entre l’Oder et la Havel ; le canal Frédéric-Guillaume, entre l’Oder et la Sprée ; le canal de Bromberg, joignant la Vistule à l’Oder ; enfin, le canal de Plaue, réunissant l’Elbe à la Havel. Toutes ces voies de communication sont situées dans la région de l’Est. Dans l’Ouest, au contraire, les bassins restaient isolés les uns des autres, sauf une seule communication existant entre celui du Rhin et celui du Danube. Ajoutons qu’en raison même de leur ancienneté, la plupart de ces voies étaient établies dans des conditions qui ne permettaient leur accès qu’à des bateaux de faible tonnage et réduisaient considérablement la vitesse commerciale.

En 1877, on se préoccupa d’améliorer cet état de choses en modifiant les conditions de navigabilité des voies existantes et en établissant un système général de voies de jonction nouvelles. Mais le programme qui fut dressé à cet effet céda le pas à celui de l’amélioration des fleuves et des rivières dont nous venons de parler ; les seuls travaux importans de canaux effectués depuis cette époque ont consisté dans la création de deux voies nouvelles, ainsi que dans la reconstruction du canal de 87 kilomètres de longueur qui relie l’Oder à la Sprée et par suite à Berlin, et de celui, long de 67 kilomètres, qui va de l’Elbe à la Trave, à l’embouchure de laquelle se trouve le grand port de Lubeck.

Les deux nouvelles voies sont le canal Empereur-Guillaume, construit de 1887 à 1895, et celui de Dortmund à l’Ems, commencé en 1891 et terminé en 1899. Le premier, exclusivement maritime et inspiré surtout par des considérations stratégiques, établit une communication directe entre le golfe de Kiel et l’embouchure de l’Elbe, et permet aux navires de passer de la Baltique dans la mer du Nord sans faire le tour de la presqu’île danoise. La dépense de ce travail s’est élevée à près de 200 millions ; non seulement il n’est tiré aucun intérêt de ce capital, mais les frais annuels d’entretien et d’exploitation sont à peine couverts par les recettes[1]. Le canal de Dortmund à l’Ems,

  1. En 1898, les recettes ont été de 2 millions, les dépenses de 2 500 000 francs, et par conséquent le déficit de 500 000 francs en chiffres ronds.