Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 7.djvu/391

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lien nécessaire, pas même de connexion logique ! » Encore une fois dans l’histoire de notre expansion coloniale, nous allions être conduits par les événemens plutôt que nous n’allions les diriger.

Etablies à In-Salah, nos troupes trouvèrent quelques ressources en vivres et en reçurent de nos postes du Nord ; mais il fallut chercher pour les chameaux et les bêtes de somme des pâturages que l’on ne trouve que dans l’Aoulef, à l’ouest d’In-Salah ; le 24 janvier, le commandant Baumgarten conduisit une reconnaissance dans cette direction, mais il dut, pendant trois jours, escarmoucher contre des forces importantes et revenir au Ksar-el-Kebir ; il y apprenait en même temps que, dans l’Aoulef et au Touât, une grande effervescence commençait à se manifester ; à la stupeur des premiers jours, dont il eût été si facile de profiter, succédait une agitation inquiétante. El-Driss-ben-Naïmi, qui se faisait saluer du titre de pacha, se donnait comme gouverneur du Gourara au nom du sultan, et qui déjà, après l’entrée de la mission à In-Salah, avait envoyé à son chef une insolente sommation, rassuré du côté du nord par notre inaction, était venu s’enfermer dans In-rar avec 3 000 hommes bien armés. Il fallut, avant d’aller l’y attaquer, attendre de longues semaines que l’on eût la permission et les moyens de forcer le Ksar-Lekhal (In-Rar). Le 19 mars, après un rude combat et un assaut meurtrier, In-Rar tombait entre les mains du lieutenant-colonel d’Eu et du commandant Baumgarten : 000 de nos ennemis restaient sur le champ de bataille et nous perdions 9 tués. Ben-Naïmi, grièvement atteint, tombait entre nos mains. Cette fois le Tidikelt tout entier était à nous, la colonne d’Eu le parcourait en tous sens, mais elle ne se portait pas vers le Touât et, le 10 mai, elle était rentrée à El-Goléa, en laissant des garnisons à In-Salah, In-Rar et Tit.

En même temps, d’autres colonnes descendaient enfin du Nord vers le Gourara. Le colonel Bertrand, avec 2 000 fusils et de l’artillerie, quittait Duveyrier, le 24 mars, et descendait le long de l’oued Zousfana jusqu’à Igli, qu’il occupait le 5 avril sans autre combat que quelques coups de fusil échangés avec des maraudeurs. Parti plus tard encore de Fort Mac-Mahon, le colonel Ménestrel descendait par l’oued Meguiden sur Timimoun ; le 21 mai seulement, c’est-à-dire à une époque où la chaleur est déjà intolérable et les pâturages desséchés, il faisait sa jonction,