Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 7.djvu/228

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

barytique[1]. L’un perd de plus en plus, tandis que l’autre gagne davantage. Notons, enfin, que W. Crookes a obtenu un nitrate d’urane absolument inactif.

Il n’y a, en résumé, qu’un nom qui convienne pour désigner le rayonnement en question, et c’est celui du savant qui l’a découvert et qui a tant contribué à le faire connaître, M. H. Becquerel. Les rayons de Becquerel font, ainsi, pendant aux rayons de Röntgen.

Il faut maintenant en indiquer les caractères et la nature.


II

Ce n’est pas l’uranium ou ses sels qui forment le meilleur objet pour l’étude de la radio-activité : cette propriété n’y est pas assez développée. Le polonium, et surtout le radium et l’actinium sont plus favorables. Et, si l’on ne peut, à la vérité, opérer sur ces corps ou sur leurs composés à l’état pur, on peut, au moins, recourir à des mélanges où ils existent en quantité prépondérante, ou simplement suffisante. Au bleu de radium, on emploie le chlorure de baryum radifère, c’est-à-dire chargé de radium ; — et, de même, les sels de thorium, plus ou moins riches en actinium, tiennent lieu de ce métal lui-même.

Disons tout de suite que l’influence de la matière radio-active se fait sentir à distance, de deux manières. D’abord et surtout par une action qui procède en ligne droite, c’est-à-dire par un véritable rayonnement, — car, le mot, il faut bien se le rappeler, ne désigne pas autre chose qu’une propagation rectiligne, et le rayon est la direction de propagation. L’effet photogénique sur la plaque sensible est de cette espèce. En supposant que le morceau de radium qui agit, soit assez petit, l’expérience apprend qu’il se comporte comme un point projetant. Si l’on interpose, en effet, entre lui et la plaque sensible une lame de plomb assez épaisse, de figure quelconque, la silhouette radiographique en sera reproduite avec une netteté géométrique, conformément aux règles de la production des ombres portées. L’émission de Becquerel est donc composée de véritables rayons. Ils sont, d’ailleurs, d’espèces diverses : ils forment un mélange hétérogène. Outre leur effet photogénique, ils en exercent d’autres, parmi lesquels il faut mettre en vedette, et hors de pair, l’effet de décharge des corps électrisés. Nous allons y revenir.

Avec l’extrême variété de ses manifestations, ce rayonnement ne

  1. Il est aussi très remarquable que la matière radio-active suive, presque toujours, les précipitas que l’on détermine dans les solutions qui la contiennent.