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REVUE SCIENTIFIQUE

LA RADIO-ACTIVITÉ ET LA MATIÈRE
LES RAYONS DE BECQUEREL

« Une propriété de la matière, inconnue il y a cinq ans, et dont l’étude soulève chaque jour des problèmes nouveaux, » tels sont les termes dont M. H. Becquerel se servait pour commenter le titre de la conférence qu’il faisait, au mois de mai de cette année, devant les membres et les invités de la Société astronomique de Paris ; titre qui est celui même que nous donnons à cette revue : « La radio-activité de la matière. »

Mais, il y a cinq ans, au moment où l’éminent physicien ouvrait, par sa découverte du premier corps radio-actif, ce nouveau chapitre de la physique, il n’était pas encore question d’une propriété générale de la matière. Il s’agissait d’un corps spécial, l’uranium ; ou même, seulement, de l’un de ses composés, le sulfate double d’uranium et de potassium. Ce composé avait déjà servi d’objet d’étude aux physiciens : on le savait phosphorescent. Frappé par les rayons de lumière violette, il émet une lueur qui survit à ceux-ci. La persistance de l’émission lumineuse après que la source qui l’a provoquée a disparu, est ici très courte, tandis qu’elle est très longue chez d’autres corps. Certaines préparations de sulfure de calcium restent lumineuses quarante-huit heures après avoir subi l’excitation de la lumière ; avec le composé d’uranium, la phosphorescence dure peu, environ 1 centième de seconde.

Mais ce composé uranique offre une autre propriété qui n’avait pas été remarquée, et qui ne devait pas l’être avant la découverte de