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si l’on s’aperçoit d’erreurs si faciles à commettre en pareilles matières, d’un mot omis, ou mal placé, ou mal défini.

En réglementant trop étroitement, avec l’inexorable rigidité de la loi, et d’une loi votée dans de telles conditions de précipitation, les élémens du travail maximum, le premier résultat sera sûrement de rendre infiniment plus difficile qu’aujourd’hui la solution d’un problème qui a pour la santé des agens, pour leur moralité, pour la sécurité publique, par conséquent, la plus haute importance, et qui consiste à leur permettre de prendre le plus souvent possible leurs repos à leur résidence, au milieu de leur famille. Le second résultat non moins certain sera, pour les mécaniciens en particulier dont les primes sont à peu près proportionnelles au parcours, de réduire les salaires par une limitation exagérée du travail ou du moins d’empêcher les Compagnies de les augmenter en demandant à leurs agens, comme c’est l’intérêt de tous, le maximum de parcours et de travail compatible avec leur santé et avec la sécurité. Le troisième résultat sera, par la création d’un nombre considérable d’employés nouveaux, au travail trop limité et, par suite, à des appointemens que les Compagnies ne pourront pas augmenter comme ce serait leur désir et leur intérêt, un nouvel excédent de dépenses annuelles que, pour l’ensemble des réseaux de l’Etat et des six grandes Compagnies, l’on a évalué à 44 millions en prenant comme point de départ des calculs les parcours de 1896 et le projet de loi voté le 17 décembre 1897.

Si l’on considère les parcours de 1901, cet excédent est à augmenter d’environ un cinquième.

Que si l’on appliquait le projet voté le 14 novembre 1901, avec les extensions, conscientes ou inconscientes, qu’il contient par rapport au projet de 1897, ce serait bien autre chose encore. Les calculs récemment demandés par le Ministre se font en ce moment même, et les premiers résultats en sont tels que nous les refaisons, effrayés des chiffres d’excédent de dépenses auxquels nous sommes conduits.

Le projet voté par le Sénat le 4 juin 1901, le projet élaboré ensuite par la commission du Travail de la Chambre, exceptaient de cette réglementation les chemins de fer algériens et les chemins de fer d’intérêt général à voie étroite. Le vote de la Chambre du 14 novembre 1901 supprime cette distinction si naturelle. N’y aurait-il pas lieu, au contraire, de l’établir sur les grands