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tous leurs versement, tous leurs droits à leur retraite (p. 2172). »

Comment est-il possible de produire et de répéter une semblable affirmation ? Toutes les compagnies de chemins de fer, quand elles sont obligées, pour un motif quelconque, de se séparer d’un agent, lui remboursent intégralement le montant des versemens qu’il a faits à la Caisse de retraites gérée par elles. La Compagnie P.-L.-M., en particulier, le fait depuis 1881. Dans le nouveau système, qu’elle a inauguré en 1892, de retraites assurées par la Caisse nationale de la vieillesse, elle fait mieux encore : les retenues opérées sur le traitement de l’agent, les versemens plus importans encore de la Compagnie sont inscrits sur un livret qui est, dès l’origine, la propriété de l’agent ; il emporte les unes et les autres lorsque, pour un motif quelconque, il vient à quitter la Compagnie. Y a-t-il quoi que ce soit d’analogue dans les règlemens ou dans la pratique de l’Etat ?

De quel droit donc l’Etat viendrait-il imposer de plus, en ce qui concerne l’âge de la retraite, la quotité de cette retraite en fonction du traitement d’activité, la durée des services, des sacrifices qu’il est loin de consentir lui-même pour ses propres fonctionnaires ? Les agens des Postes, des Douanes, des Forêts, etc., doivent remplir la double condition de 30 ans de services et 60 ans d’âge ; les plus favorisés, ceux qui ont passé 15 années dans le service actif, 25 ans de services et 55 ans d’Age. Pour tous les agens de chemins de fer, même pour ceux dont les fonctions ne touchent en rien à la sécurité publique, 20 ans de services suffiraient, quel que fût l’âge, pour constituer le droit à une retraite égale à la moitié de leurs appointemens ! Bien plus, tout employé, tout ouvrier, comptant plus de 15 ans de services et quittant une Compagnie, aurait droit à une retraite proportionnelle quel que fût le motif de son départ, fût-ce l’ivresse habituelle, fût-ce l’indélicatesse ! car le texte de la loi de 1901 a oublié, volontairement ou non, de reproduire l’exception que contenait à cet égard le projet voté en 1897.

Par quelle bizarrerie, d’ailleurs, s’adresse-t-on d’abord, pour la réglementer si étroitement, précisément à l’industrie qui a pris spontanément l’initiative d’assurer des retraites à son personnel, aux chemins de fer, qui l’ont fait dans des conditions très larges et supérieures à celles de l’Etat lui-même ? N’est-il donc pas d’autres industries, employant, elles aussi, un nombreux personnel, qu’il eût été plus logique de stimuler ? On a voulu