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chiffres des diverses Compagnies, rapprochés les uns des autres à la page 91 du rapport Godin. L’évaluation des charges de chacune d’elles varie de 1 000 000 pour le Nord à 8 935 000 francs pour l’Est : en regard de la Compagnie P.-L.-M. figure la somme de 550 000 francs. C’est 8 500 000 francs qu’il Faut lire ; tel est le chiffre contenu et expliqué dans sa note remise le 20 octobre 1898 à la Direction des chemins de fer au Ministère des Travaux publics. C’est donc 8 millions qu’il faut ajouter aux 24 163 000 francs prévus du chef des retraites et qui se transforment ainsi en 32 millions.

Mais, en dehors de toute question d’argent, le principe même de cette réglementation n’est-il pas fait pour exciter la surprise ? Imposer à un chef d’industrie non seulement le principe d’une retraite, mais les conditions mêmes de cette retraite, sa quotité en fonction du salaire d’activité, cela conduit à la fixation légale des appointemens d’activité, du traitement minimum, des règles de l’avancement. Toutes ces questions se tiennent. Le règlement des unes annonce-t-il le règlement par l’Etat de toutes les autres ?

Que ce soit là, pour un industriel, conscient et soucieux de ses devoirs patronaux, une obligation morale, je suis le premier à le proclamer ; que de l’exemple de l’Etat, qui depuis longtemps assure une retraite à tous ses fonctionnaires, les Compagnies de chemins de fer se soient inspirées, rien de mieux ni de plus naturel ; elles l’ont fait d’ailleurs presque dès leur création et dans des conditions qui, incessamment améliorées, sont bien autrement favorables à leurs agens que celles que pratique l’Etat vis-à-vis de ses fonctionnaires. Devoir moral, devoir étroit, nous le voulons bien, mais obligation !

Dans des conditions bien autrement favorables que l’Etat, disons-nous ; il n’entre pas dans nos intentions de les comparer en détail, mais, puisqu’on se complaît à rééditer, à leur encontre, des erreurs vingt fois démenties, citons-en du moins une seule :

Actuellement, a dit M. Rainer, un employé de chemin de fer peut être congédié après 15, 16, 17 ans de services ; il est sans aucune ressource avec des charges de famille et il se trouve dans l’impossibilité de gagner sa vie. A cet homme, la Compagnie donne quelquefois une somme insignifiante sans se soucier souvent des versemens effectués pour la retraite. (C’est vrai. Très bien. J. O. du 14 novembre, p. 2173, col. 2.) A tout instant, ils peuvent être renvoyés par la Compagnie, a dit aussi M. Rose, perdre