Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 7.djvu/199

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pouvait se faire que d’une seule manière. Les six grandes Compagnies, de même que l’administration des chemins de fer de l’Etat ont établi, chacune de leur côté, en tenant compte de ces dispositions nouvelles et en les appliquant aux parcours de trains de 1896, les roulemens de leurs mécaniciens et des agens des trains. Les chiffres auxquels elles ont été conduites, vérifiés d’abord au ministère des Travaux publics par les fonctionnaires du contrôle, ensuite par les inspecteurs des finances, figurent à la page 91 du rapport de M. le sénateur Godin, en date du 25 février 1901. En dehors de 24 163 000 francs du chef des retraites, sur lesquelles je reviendrai dans un instant, la dépense totale s’élevait à 49 842 000 francs et représentait ainsi, en sus des 6 127 000 francs de dépenses déjà faites comme conséquence des prescriptions de l’arrêté ministériel du 4 novembre 1899, un nouvel excédent de dépenses annuelles de 43 715 000 francs.

C’est impossible ! se sont écriés à l’envi les auteurs de la loi de 1897 ! En vain, interpellé par eux sur la question de savoir si ces chiffres avaient été vérifiés, le ministre des Finances leur en a donné l’assurance ; ils se sont cantonnés dans leur incrédulité, dans leurs dénégations et l’impossibilité de pareils résultats, M. Berteaux a cru pouvoir la démontrer immédiatement à la Chambre : Le nombre des mécaniciens, a-t-il dit, s’élève d’après le rapport Godin à 19 818, le nombre des agens des trains à 16 695. Le traitement moyen des mécaniciens s’élève à 2 370 fr., celui des chauffeurs à 1 620 francs, ce qui donne une moyenne de 1 995 francs ; si vous multipliez ce chiffre par le nombre arrondi des mécaniciens et chauffeurs, vous obtenez un total de 39 900 000 fr. Les agens des trains reçoivent un traitement moyen de 1 503 fr. ; le chiffre que donne M. Bourrat est un peu plus élevé, il est de 1 700 francs ; multiplions le chiffre de 1 503 par le nombre des agens soit 17000, nous arrivons à une somme de 25 551 000, soit à un total de 65 451 000 francs pour l’ensemble des traitemens et salaires des agens des trains, des chauffeurs et des mécaniciens dans toutes les grandes Compagnies. C’est sur ce chiffre de 65 millions et demi, qui représente la totalité des salaires actuels, que les compagnies de chemins de fer osent vous menacer d’un relèvement de 49 millions et demi. Énoncer de pareils chiffres, c’est indiquer assez clairement que les compagnies de chemins de fer se trompent ou qu’elles veulent tromper la Chambre (très bien ! très bien à gauche)… Nous ne pensons pas qu’on puisse évaluer à