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réparation du matériel, partout où il s’agit d’un travail défini, normal, régulier par essence, rien de plus aisé. On entre le matin à telle heure, on a tant de temps pour déjeuner, on sort à telle heure, on laisse, le soir, où il en est, le travail commencé, pour le reprendre le lendemain matin : c’est à merveille ; et les chemins de fer, sous ce rapport, n’ont rien qui les différencie de ce qui se passe dans les bureaux du commerce ou dans les ateliers de l’industrie. Ici et là, les périodes de 24 heures se succèdent pareilles ou identiques ; les pouvoirs publics n’ont pas plus de raison ici que là d’en réglementer la répartition en travail et repos.

Il en va tout autrement pour le service des mécaniciens.

Sans doute, sur de petites lignes sans importance, la marche des trains n’est que trop régulière et pour ainsi dire invariable, et il n’est pas impossible qu’on y puisse localiser un personnel faisant ainsi chaque jour identiquement ce qu’il aura fait la veille, ce qu’il fera le lendemain. Même sur ces petites ligues, cependant, il y a des à-coups de trafic qui en troublent la monotonie. Sur la plupart des lignes d’un réseau, ces à-coups sont la règle, avec des variations plus ou moins périodiques dans le mouvement des voyageurs, quotidiennes dans celui des marchandises. En dehors de ces variations, les machines locomotives, qui ne peuvent s’arrêter en un point quelconque, ont des points de relais déterminés, les Dépôts, où, pendant que le mécanicien se repose, la machine reçoit d’ouvriers spéciaux les soins ou les petites réparations nécessaires pour être maintenue en état d’entretien courant.

Ces dépôts sont situés en des points plus ou moins éloignés les uns des autres ; leurs emplacemens, déterminés par des considérations d’ordre divers, ne peuvent être choisis, alors même qu’on le voudrait, de manière à s’accommoder à la durée plus ou moins normale du travail des mécaniciens, durée variable, et d’après les idées qui peuvent inspirer le législateur, et surtout d’après la nature et la vitesse des trains auxquels est affectée successivement une même machine.

Le service d’un mécanicien est donc forcément composé d’une suite de périodes de travail et de périodes de repos, les unes et les autres de durée variable, sans aucune relation avec les coupures normales de la journée d’un employé de bureau ou d’un ouvrier d’atelier. Pour lui, il n’est pas possible de songer à un travail quotidien quelque peu régulier. Il fait tantôt un train,