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Et c’est presque traiter d’une œuvre d’iconographie chrétienne et ne pas s’éloigner beaucoup des grands peintres de la Vierge que de parler d’un artiste d’un noble et pur talent, qui se rapproche des maîtres les plus célèbres de la peinture religieuse par l’élégance de ses compositions, son goût sûr, et à qui la grâce de son dessin et la moralité de son œuvre ont assuré un juste renom : Hippolyte Flandrin[1], dont les fresques à l’église Saint-Vincent-de-Paul et à Saint-Germain-des-Prés peuvent être considérées comme le chef-d’œuvre de la peinture religieuse au XIXe siècle, et qu’on a pu saluer du nom de Panathénées chrétiennes. Quand on lit ces lettres si naïves et si simples, mais empreintes et comme parfumées de sentimens si purs et si profonds, qui retracent la vie de Flandrin, ses débuts si pénibles, cette conquête patiente des premiers succès, puis cette marche rapide vers des travaux toujours plus vastes que devait interrompre une fin prématurée, on reste charmé de trouver réunis dans cette âme d’artiste et de chrétien les dons du talent et les qualités du caractère, et, comme on l’a si justement dit l’auteur de la préface, il n’est guère de lecture plus édifiante : c’est un recueil de nobles exemples.

En fixant les Modes féminines au XIXe siècle[2], le dessinateur par excellence de la Parisienne, M. Henri Boulet, s’est complu, pour une fois, à l’habiller de costumes d’une variété infinie et à faire défiler sous nos yeux, en une suite de croquis pris sur le vif, de silhouettes pleines d’aisance et de désinvolture, les principaux types des modes que les femmes ont suivies pendant le siècle dernier. A quelles extravagances ne se laissent-elles pas aller pour plaire ? on le verra dans ces cent pointes sèches, rehaussées d’aquarelle, aussi élégantes que caractéristiques. C’est l’esquisse d’une piquante histoire des mœurs par la mode, et du progrès circulaire, en quelque sorte, puisque nos élégantes reviennent, on s’en convaincra, aux modes de leurs grand’mères. Que d’observations intéressantes ne peut-on pas faire en parcourant cet amusant album, édité avec luxe, merveilleusement imprimé et illustré, qui se recommande encore du nom de ses éditeurs et qui sera aussi apprécié par les amateurs et les artistes que recherché par les femmes !

Dans l’Album les Maîtres de la caricature[3], M. Lucien Puech a voulu dégager de la foule des dessinateurs d’aujourd’hui ceux que leur manière, leur verve, leur « écriture » désignaient comme des maîtres de la caricature, et dont les feuillets épars constitueront

  1. H. Laurens.
  2. Société d’éditions d’art.
  3. Librairie illustrée J. Tallandier.