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nouvellement publiée du cardinal de Bernis, de Choiseul, par ceux du duc de Croy, qui est le seul à avoir vu ce dont tant d’autres ont parlé, et surtout par les lettres de François Poisson à M. de Vandières, et celles inédites de Mme de Pompadour. Mais ce qui distingue encore ce livre, composé et imprimé avec le luxe, le goût et la perfection qui caractérisent la maison d’édition d’où sont sortis tant de livres rares, c’est une illustration incomparable, pour laquelle M. de Nolhac n’a eu qu’à faire un choix éclairé parmi les merveilles d’une époque qui fut si riche en œuvres d’art. Le Musée et la Bibliothèque de Versailles lui ont fourni les plus beaux spécimens de ses reproductions, et les amateurs étrangers ont complété cette précieuse collection, où l’on peut admirer, à côté des superbes fac-similés en couleurs du portrait de Mme de Pompadour, par Boucher, conservé à la National Gallery of Scotland, et celui de Louis XV, par Van Loo, qui orne la Bibliothèque de l’Arsenal, plusieurs autres portraits de la marquise, le Lever et le Coucher du Soleil, la Chasse au filet, du même Boucher ; la Naissance de la Vierge, l’Assomption, dessinées par lui pour le Livre d’heures de la favorite, d’autres portraits d’elle par Maurice-Quentin de La Tour, par François Guérin, par Drouais : ceux de Madame Henriette de France, de Marie-Sophie de France, de l’infante Isabelle, petite-fille de Louis XV, du Duc de Bourgogne, par Nattier ; les dessins et aquarelles des Cochin, Tocqué, Van Blarenberghe, qui a peint les batailles de Fontenoy et de Laufeld ; les marbres de Pigalle, représentant l’Amour et l’Amitié, la marquise de Pompadour en déesse de l’Amitié.

A l’art et à l’histoire se rattachent les savans travaux que publie sur les Artistes de tous les temps dans la Revue dirigée avec tant d’habileté et de compétence par M. Comte, la Librairie de l’Art ancien et moderne, et dont le dernier, les Arts dans la maison de Condé[1], est d’un intérêt si attachant et d’une exécution si parfaite. M. Gustave Maçon était tout désigné pour présenter ce nouvel ouvrage extrait des trésors de cette incomparable demeure, et, avec son talent et son goût si appréciés, il a fait revivre Chantilly, le Palais-Bourbon, et leurs merveilles d’art aux grandes époques et dans tout leur éclat, sous le grand Condé (1643-1686), sous le prince de Condé (1687-1709), le duc de Bourbon (1710-1740), sous Louis-Joseph, prince de Condé (1740-1790), et enfin sous le Duc d’Aumale. L’ouvrage est de tous points digne de cette collection, qui contient déjà tant de volumes recherchés, entre autres Goya, par M. Paul Lafond, Fantin-Latour et Cazin, par M. L.

  1. Librairie de l’Art ancien et moderne.