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cavalerie met pied à terre, forme ses lignes de tirailleurs, attaque les retranchemens que le général Sarly construisait à ce moment pour s’assurer la possession du champ de bataille ; il les escalade et précipite les confédérés dans la vallée du Cedar Creeck. L’infanterie fédérale reprend courage, se porte en avant. La victoire est passée dans ses rangs.

La bataille de Five Forks, en avril 1865, fut également désastreuse pour les troupes du Sud, par suite du mouvement de Sheridan qui, avec une force considérable de cavalerie tourna leurs positions et installa sur leurs communications une puissante mousqueterie et du canon.

A la suite de cette défaite, le reste de l’armée du Sud remonta l’Appomatox pour reprendre la route de Danville, mais elle fut devancée par la cavalerie de Sheridan à Farmville. Sa ligne de retraite était coupée. Le général Ewel, cerné, capitula et le 9 avril le général Lee, commandant en chef les forces confédérées, dut subir le même sort. Les carabines de la cavalerie du Nord avaient décidé les dernières victoires.

Il y a lieu de constater que la pratique de la guerre avait forcé la cavalerie du Nord comme celle du Sud à faire usage des mêmes procédés de combat. Ils sont si différens de ceux actuellement en honneur dans les cavaleries européennes qu’il est utile de les faire connaître avec quelques détails.

Les hommes étaient presque tous d’excellens cavaliers, habitués depuis leur enfance à manier toute espèce de chevaux. Néanmoins, ils arrivèrent vite à ne presque plus combattre qu’à pied. Une fois au contact de l’adversaire, les groupes de cavalerie couvraient leur front de combat au moyen des escadrons des ailes qui se portaient en avant du centre, tantôt à cheval, tantôt à pied, et se déployaient en tirailleurs. En même temps, le corps principal mettait pied à terre (un homme tenant 8 chevaux), et formait la ligne de combat. Les tirailleurs s’espaçaient à 3 ou 4 mètres. Quand le terrain offrait des abris suffisans, on ne déployait généralement qu’une ligne, mais sur un sol découvert on en formait deux et même trois, les unes derrière les autres, à une distance plus ou moins grande, suivant les circonstances.

Arrivée à portée, la première ligne se couchait et commençait le feu. La deuxième ligne courait, traversait la première, se