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relations directes entre les scouts et le général en chef. Ces relations étaient assurées par des « courriers » qui jouaient le rôle des « Meldereiter » organisés il y a quelque temps en Allemagne. Le général en chef en avait 60 ; chaque commandant de corps d’armée 12 ; les divisionnaires 6 et les brigadiers 3.

En réalité, toute cette cavalerie n’était composée que de dragons. Les régimens faisaient un usage constant du combat à pied, ce qui ne les a pas empêchés de charger le revolver ou le sabre à la main, à Fairfax, Rockville et Hanover. Mais c’était surtout la carabine et le canon qui étaient employés. Souvent, toute une brigade était mise à pied pour attaquer. S’il fallait se replier, des détachemens retardaient l’ennemi par leur feu et permettaient au gros des forces de se dérober. Le détail de quelques opérations fera mieux comprendre ces procédés.

En juin 1862, sur la Pamunkay, Stuart fit le tour complet de l’armée de Mac Clellan. Celui-ci disposait de 220 000 hommes, dont 25 régimens de cavalerie et 500 bouches à feu. Après avoir débarqué 120 000 hommes dans la Péninsule de Virginie, pour tourner les positions de l’adversaire et s’emparer de Richmond, Mac Clellan avait livré la sanglante, mais indécise bataille des Seven Pines, qui lui avait coûté 20 000 hommes. Il s’était alors retranché à 10 kilomètres environ des positions sudistes, le long de la Chikahominy, pour y attendre des renforts.

À ce moment, le général Lee n’a plus que des renseignemens vagues sur son adversaire. Il ne sait même pas quelle est la ligne principale de ravitaillement. C’est alors qu’il donne à Stuart l’ordre d’exécuter en secret un mouvement sur les derrières de l’ennemi et d’agir sur ses lignes de communication.

Stuart laisse au service de sûreté de l’armée 3500 cavaliers et emmène 1 200 chevaux avec une section d’artillerie à cheval. Trois jours de vivres sont sur les chevaux. Partant de Richmond, il entreprend la reconnaissance des forces postées entre la Chikahominy et la Pamunkay sur un front d’environ 60 kilomètres. Si l’on suppose Stuart à Châlons-sur-Marne et son adversaire à Sainte-Menehould et Reims, la situation kilométrique sera analogue.

Stuart n’avait fait part de ses projets à personne. Il initiait, ses subordonnés à mesure que les événemens se déroulaient. Le 12 juin, à deux heures du matin, il commence son mouvement. Pour dépister les espions dont la contrée est pleine, il