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chevaux du marquis de Thorigny qui arrivaient pour le soutenir ;

L’ennemi, croyant que toute l’armée suivait le roi, n’osa l’attaquer et se mit en retraite. Aussitôt Henri IV entama la poursuite. Il ne la cessa que quand l’armée de la Ligue eut franchi la Saône.

Cette victoire est bien due à la cavalerie seule. C’est la dernière de cette sorte. La cavalerie restera longtemps encore l’arme essentielle, mais elle ne pourra plus se passer de l’action des autres armes, et les dragons se développeront rapidement. Leur emploi se répand aussi à l’étranger. Un ouvrage allemand, intitulé : Tableau militaire des Impériaux et des Suédois dans la dernière campagne de Gustave-Adolphe, contient ceci :

« Les dragons ou mousquetaires à cheval étaient tous gens choisis, robustes et d’une valeur reconnue. Leur fonction était de soutenir la cavalerie et quand l’occasion s’en présentait, ils mettaient pied à terre, dans un poste avantageux, et faisaient feu sur l’ennemi. S’ils n’étaient pas les plus forts, ils remontaient à cheval et regagnaient l’armée. Ils servaient d’escorte aux convois, formaient une embuscade à la hâte, battaient l’estrade ; enfin, il n’y a point à la guerre de service que cette troupe ne rendît. En général les dragons impériaux servaient à pied. Ce n’était qu’une infanterie qu’on montait pour suivre plus aisément la cavalerie. De là vient qu’on trouve en même temps des piquiers à cheval. Chez les Suédois, au contraire, les dragons combattent le plus souvent à cheval quoiqu’ils missent pied à terre au besoin. »

En 1635 une ordonnance crée un régiment de mousquetaires à cheval et deux régimens de fusiliers ou dragons.

Ceux-ci vont commencer à paraître dans les rangs mêmes de la cavalerie.

A Rocroy, 19 mai 1643, un peloton de 50 mousquetaires fut mis entre chaque intervalle des escadrons. Les carabins, les gardes du maréchal de l’Hôpital et ceux du prince, tout ce qui restait de dragons et de fusiliers furent mis sur les ailes.

Le rôle de la cavalerie est toujours prépondérant. Mais elle ne peut plus seule décider la victoire. Le duc d’Enghien avait commencé l’attaque à l’aile droite avec sa cavalerie et mis en déroute la cavalerie espagnole du duc d’Albuquerque, puis bousculé l’infanterie allemande, wallonne et italienne. Mais à l’aile gauche, le maréchal de l’Hôpital se faisait malmener par le général espagnol Mello qui lui enlevait toute son artillerie et