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Malgré l’aide du canon, elle est actuellement impuissante. Elle ne peut rien reconnaître chez l’ennemi, mais seulement limiter le contour apparent de ses forces, indiquer l’étendue du front sur lequel on reçoit des coups de feu, ainsi que les points où l’ennemi n’a pas été rencontré à une certaine heure. Quant à déterminer la marche et la composition des colonnes, leurs dispositions, et tous autres renseignemens que dans les grandes manœuvres les généraux ont l’habitude de lui demander, il n’y faut point songer.

Toutefois, la cavalerie pourra, grâce à une tactique nouvelle, surprendre les passages qui s’ouvriront sur le front de marche de l’ennemi et en profiter. Pour une action de cet ordre, des divisions de cavalerie sont inutiles. Alourdies par leur masse et retenues par leurs trains, elles n’ont pas la spontanéité d’action nécessaire. En outre, en groupant de nombreux escadrons sur de faibles espaces, elles accaparent des forces qui seraient indispensables ailleurs pour battre l’estrade sur tout le front de guerre et pour y trouver des brèches.

Il semble qu’en 1897 cette orientation nouvelle était déjà envisagée. Les grandes manœuvres de cavalerie furent en effet confiées à un chef déjà pénétré de ces idées et, pour la première fois, tout un corps d’armée (le 7e) fut appelé à manœuvrer en combinaison avec les 2e et 6e divisions de cavalerie.

Les opérations se déroulèrent autour de Fontaine-Française dans les champs mêmes de cette bataille du 5 juin 1595, poétisée par le panache blanc d’Henri IV, et dont le nom résonne dans notre histoire militaire comme un appel de fanfare. Un modeste monument placé sur le bord de la route de Gray et qui tombe en ruines, en rappelle la date, célèbre dans les fastes de la cavalerie. Mais ces manœuvres ne se proposaient pas d’en reproduire les phases. Elles furent dirigées dans le sens de l’étude de situations définies résultant de la liaison étroite de la cavalerie avec les autres armes.

On y vit des attaques menées tantôt avec le canon et l’arme blanche, tantôt avec le canon et la carabine, et pour indiquer le développement nécessaire à ce genre d’attaques, tous les dragons furent un jour réunis.

Ces manœuvres bien accueillies furent l’objet d’études et de comptes rendus détaillés.

La voie semblait ouverte. Le mouvement heureusement