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L’approbation unanime de la presse britannique semble indiquer que ce rôle a été considérable, de même qu’en 1893. Nos voisins ne distribuent pas les louanges avec une pareille libéralité quand ils n’y ont pas d’intérêt.

L’article 3 par lequel le roi de Siam prend l’engagement de n’envoyer « dans tout le bassin siamois du Mékong que des troupes siamoises commandées par des officiers de cette nationalité, à la seule exception de la gendarmerie siamoise actuellement commandée par des officiers danois, » nous fait présumer l’intervention personnelle de Sa Majesté l’Empereur de Russie. Autrement on ne s’expliquerait pas que notre ministre des Affaires étrangères ait oublié que l’amiral Duplessis de Richelieu, invité récemment au quai d’Orsay, et les officiers danois placés sous ses ordres, avaient en 1893, au mépris du droit des gens, tiré sur nos canonnières et tué plusieurs de nos marins. Nous avons la mémoire courte.

A quels obstacles ignorés du public, à quelle hostilité dissimulée se heurte notre politique extérieure pour que nous soyons forcés de livrer à la vengeance de leurs adversaires implacables nos plus fidèles sujets et de nous incliner devant les prétentions siamoises ?


LE MYRE DE VILERS.