Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 12.djvu/710

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


V

Ces opérations par lesquelles on change les propriétés physiques des métaux et par lesquelles on les approprie à la variété des besoins de l’industrie, compression, martelage, laminage, traction et écrouissage, torsion, ont un effet immédiat très apparent : mais elles ont aussi un effet consécutif, lent à se produire, beaucoup moins marqué et moins évident. C’est « l’effet résiduel » ou Nachwirkung des Allemands. Il n’est pas sans importance, même dans les applications pratiques.

Il y a un moyen de supprimer ce travail intérieur et jamais terminé des métaux ouvrés, et l’on peut ajouter de tous les corps fondus : — c’est de les recuire, c’est-à-dire de les échauffer jusqu’à un point plus ou moins voisin de la fusion et de les laisser refroidir graduellement. Le procédé est suffisamment efficace en pratique ; mais, théoriquement, il ne fait qu’atténuer un effet qu’il ne supprime pas entièrement. Le métal même fondu et recuit peut être dans une sorte d’équilibre forcé. Car, si la solidification paraît alors s’être effectuée librement, ce n’est vrai que pour la surface extérieure. Celle-ci, en effet, dès qu’elle est formée, bride le liquide intérieur et y empêche le libre jeu des contractions et des dilatations, de telle sorte que les différens points de la masse sont soumis à des tiraillemens, variables d’ailleurs d’un point à l’autre suivant les hasards du refroidissement.

Cet état d’équilibre forcé se modifie lentement, si bien que le corps subsiste longtemps sous un état qui n’est pourtant pas le plus stable dans les conditions considérées. Le nombre de ces corps hors d’équilibre est aussi grand que celui des matières qui ont été soumises à la fusion. Toutes les roches plutoniennes sont dans ce cas. — Le verre présente une condition du même genre. Les thermomètres placés dans la glace fondante ne reviennent pas toujours au zéro. Ce déplacement du zéro fausse toutes les mesures, si l’on n’a pas soin de le corriger. Et cette correction exige, le plus souvent, une observation prolongée. La théorie des déplacemens du zéro thermométrique n’est pas entièrement établie, mais on peut supposer, avec l’auteur du Traité de Thermométrie, qu’il existe dans le verre, comme dans les alliages, des composés variables suivant les températures. A toute température, un verre donné tend vers une composition déterminée et vers un état d’équilibre correspondant ; mais la température antérieure à laquelle il a été soumis a évidemment une influence sur la rapidité avec