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IV

Les combinaisons qui existent au sein d’un alliage peuvent varier sous des influences diverses et passer de l’une à l’autre. Beaucoup d’épreuves mécaniques, telles que le tournage, le tréfilage, le laminage, qui provoquent de si grands changemens dans les propriétés des alliages, n’agissent, selon la doctrine nouvelle, qu’en changeant l’équilibre chimique. Quelquefois ces modifications se produisent sous des influences en apparence spontanées ; cela arrive, en particulier, pour les bronzes d’aluminium. D’après M. Le Chatelier, ces altérations doivent faire craindre bien des mécomptes dans l’industrie des alliages de l’aluminium.

On tire un bon parti du microscope et de l’éclairage par réflexion pour découvrir la structure cristalline des alliages. On prépare des plaques de métal, bien polies, et on les traite de façon à faire apparaître les particularités de la structure et à faire ressortir les élémens composans. Il y a pour cela divers procédés. — Celui de Sorby, qui a donné de bons résultats dans l’étude des fers et des aciers, consiste à attaquer légèrement la surface par les acides. — Dans celui de Charpy, approprié aux alliages de cuivre, on dispose la plaque métallique à la place du zinc dans la pile de Daniell. — M. Le Chatelier utilise encore l’action électrique faible, mais, cette fois, en immergeant la plaque dans une solution saline conductrice et chimiquement indifférente, telle que l’azotate d’ammoniaque. — Quelquefois, comme dans le procédé d’Osmond, le polissage prolongé suffit à mettre en relief les élémens les plus durs.

On a pu constater ainsi de profonds changemens de structure cristalline provoqués par les diverses épreuves mécaniques, telles que l’écrouissage et la traction exercée jusqu’à rupture sur des barreaux métalliques. Quelques-uns de ces changemens sont très lents, et ce n’est qu’après des mois et des années qu’ils s’achèvent et que le métal atteint l’équilibre définitif correspondant aux conditions où il est placé. Si l’on peut discuter sur la profondeur des transformations subies : si les uns croient qu’elles atteignent jusqu’à la condition chimique de l’alliage, tandis que les autres en limitent la puissance à des effets physiques, il n’en est pas moins vrai, — et ceci nous ramène à notre sujet, — que la masse de ces métaux est en travail, et qu’elle n’atteint que tardivement la phase du repos complet.