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L’appel mélodieux qui meurt avec la brise
De la tiédeur du soir émane, caressant.
Les bœufs s’arrêtent, l’homme écoute, et chacun sent
Tressaillir en son âme une vie incomprise.

Toute l’extase et tout le rêve inexprimés
Epandent leur douceur et leur mélancolie.
Les frères ont flairé, sous le joug qui les lie,
Une tendresse éparse aux horizons charmés.

Très lointain, l’angélus surnaturel effleure
D’un souffle de cristal les nobles animaux.
Tendant la majesté de leurs mufles jumeaux,
Peut-être goûtent-ils l’apaisement de l’heure ;

Car, dans l’immense espace encore lumineux,
Immobiles ainsi que celui qui les mène,
Il semble que l’écho de la prière humaine
Ait fait naître et grandir une prière en eux.


LEONCE DEPONT.