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De ces innovations quelques-unes réussissaient, d’autres ne donnaient point les résultats qu’on en avait attendus ; et c’étaient des expériences, des tâtonnemens, des corrections, des abandons et des reprises. Au dehors, les conditions commerciales se modifiaient ; de nouvelles découvertes suscitaient de nouvelles concurrences ; l’application en grand du procédé Thomas Gilchrist allait désormais permettre l’emploi des minerais phosphoreux et pauvres du Nord et de l’Est, tenus jusqu’alors pour inutilisables : il fallait donc chercher ailleurs, ramener d’ailleurs la prospérité qui menaçait de s’éloigner par là. L’usine B se hâtait en conséquence d’ouvrir un atelier de tréfilerie et d’installer un train-machine (1880) ; elle augmentait sur toute la ligne sa puissance de production, donnait une impulsion plus forte aux travaux qui se rattachent à la confection du matériel de guerre, et en même temps commençait à fabriquer des projectiles et des canons pour la marine.

En même temps aussi, on apportait un soin particulier à la fabrication des moulages d’acier ; on revenait à celle des aciers fondus au creuset pour outils, quelque peu délaissés à la suite des premiers succès des aciers Martin ; on ajoutait des spécialités aux spécialités : en 1888, les enclumes en acier fondu ; en 1889, les essieux de carrosserie (essieux de charrette et essieux à patins) ; plus tard, les réservoirs pour torpilles automobiles. D’année en année, l’usine grandissait ; les développemens appelaient les développemens : on refaisait ou l’on améliorait l’outillage de l’atelier des forges, en le dotant d’un pilon de 40 tonnes, avec grues de 50 à 60 tonnes pour le desservir ; on installait, d’autre part, des chantiers de moulage d’acier, des cubilots et des molletons pour la préparation des terres de moulage, un atelier de démoulage, un atelier d’ébarbage des moulages d’acier avec burins pneumatiques et pont roulant électrique ; un four Martin-Siemens avec gazogène accolé ; des appareils Cowper et des épurateurs de gaz au haut-fourneau ; un creuset en acier moulé, un nouveau laminoir pour aciers marchands ; au montage, de gros tours, des raboteuses à force électrique, des mortaiseuses, etc., afin de pouvoir usiner les arbres et autres pièces de tout poids et de toute dimension pour les constructions navales.

Comme il était visible que l’industrie entrait dans l’ère de l’électricité, on ne se laissait pas devancer : on créait au plus vite une station électrique pour produire l’éclairage et la force