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le principal profit qui en vient est des forges, au moyen de quoi est le Giérest fort fréquenté de certaines races de pauvres étrangers forgerons, lesquels ne demeurent guère en un lieu, mais vont et viennent ainsi qu’oiseaux passagers, même pour raison du voisinage de Saint-Etienne-de-Furens en Forez[1]. »

C’est ici, vraiment, le pays du Noir et du Rouge, où la flamme que des siècles de siècles ont emprisonnée dans la terre, délivrée par l’effort des hommes, en jaillit toute-puissante, et dirigée par leur volonté intelligente, transforme tout en embrasant tout.


I

Avant d’aller plus loin, c’est-à-dire avant même d’entrer en matière, quel sens exact et précis donnerons-nous à ce nom général et générique, la métallurgie ? Etymologiquement, la métallurgie, c’est l’œuvre, le travail du métal. « L’œuvre, le travail, » pris de cette manière absolue, ce seraient toutes les œuvres, tous les travaux ; et « le métal, » pris, lui aussi absolument, ce seraient tous les métaux : la métallurgie serait donc l’ensemble de tous les travaux, de toutes les œuvres qui s’accomplissent sur, par, et avec tous les métaux.

Mais l’usage, conforme en cela à la raison et au bon sens, a singulièrement restreint cette acception trop vaste et presque indéfinie. Il a d’abord écarté les métaux précieux, et il ne vient à l’esprit de personne d’appeler « métallurgie » le travail de l’or et de l’argent, qui est « orfèvrerie. » Puis il a écarté, d’autre part, tout ce que l’on est convenu de qualifier de « petits métaux, » le cuivre, le plomb, le zinc, etc., pour s’en tenir finalement au fer et à l’acier. Si bien que la métallurgie, aujourd’hui, c’est proprement le travail du fer et de l’acier ; mais non point encore tous les travaux qui se font avec ou sur le fer et l’acier. La construction mécanique elle-même, qui se rapproche tant de la métallurgie et qui s’y rapporte si intimement qu’elle n’existerait pas sans elle parce qu’elle manquerait de sa matière première, n’est pas cependant la métallurgie[2].

  1. Cité par E. Leseure, Historique des mines de houille du département de la Loire, p. 2.
  2. En prenant le mot « métallurgie » au sens le plus large, et en partant de l’extraction du minerai, on trouvera dans l’œuvre de F. Le Play d’intéressantes et instructives monographies, — lesquelles pourront donner au moins des points de comparaison, — notamment :
    Mineur du Hartz, Ouvriers européens, t. III, p. 99-152. — Mineur de Pontgibaud (Auvergne), t. V, p. 150-191. — Mineur des gîtes de mercure d’Idria, t. II, p. 1-33. — Fondeur du Derbyshire, t. III, p. 400-436. — Fondeur de Buskerud, t. III, p. 54-98. — Fondeur de Schemnitz, t. IV, p. 1-68. — Fondeur de Hundsrucke, t. IV, p. 68-120. — Forgeron des usines à fer de l’Oural, t. II, p. 99-138. — Forgeron bulgare des usines de fer de Samakowa, t. II, p. 231-265. — Forgeron de Dannemora (Suède), t. III, p. 1-53.