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REVUE ÉDRAMATIQUE


RENAISSANCE : La Châtelaine, pièce en trois actes, par M. Alfred Capus.


Tout doucement le théâtre est en train de revenir aux formes contre lesquelles on était, il y a vingt ans, parti en guerre avec un si bel entrain. En écoutant quelques-unes des comédies les plus récentes, on pourrait croire qu’elles ont été écrites vers le milieu du siècle qui vient de s’achever.. Le répertoire de Scribe, naguère si décrié, a recommencé d’être l’école du parfait auteur dramatique. La pièce à thèse, hier encore si démodée, fait fureur. Le vaudeville triomphe. C’est même le trait le plus saillant du mouvement dramatique actuel que la renaissance, la recrudescence et l’épanouissement du théâtre de farce. Enfin nos grands-parens, gens de mœurs familiales et qui aimaient à se divertir honnêtement, goûtaient fort une catégorie de pièces aimables et sans conséquence où la gaieté facile et l’émotion superficielle habilement dosées formaient un mélange un peu fade, mais assez agréable. L’ancien Gymnase s’en était fait une gracieuse spécialité. On les écoutait d’une oreille distraite et sans ennui, et la mère y pouvait mener sa fille. C’était, par excellence, le genre innocent.

C’est celui auquel appartient la pièce nouvelle de M. Capus, la Châtelaine.

Ce genre de comédie à l’aquarelle n’est en soi ni plus ni moins conventionnel que ne l’étaient les prétendus drames réalistes du Théâtre-Libre ; et, pour notre part, nous avions souvent regretté qu’il fût tombé en désuétude. M. Capus vient à propos nous en rappeler les recettes. La première consiste à nous entraîner à cent mille lieues du monde réel pour nous lancer en plein romanesque. On aura beau dire : le plus grand nombre des spectateurs ne va pas au théâtre pour