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Caisse des retraites pour la vieillesse telle qu’elle fonctionne en France. Les États confédérés voyaient avec inquiétude l’accumulation des capitaux de tout l’Empire dans les caisses de Berlin. Il a donc fallu se borner à la création d’un fonds commun, qui est chargé de payer à tous les établissemens d’assurance la base de toutes les rentes et en général les prestations indépendantes du nombre des cotisations. A cet effet, la fortune des établissemens est divisée en deux parties absolument distinctes : la fortune particulière à chaque établissement d’assurance avec ses charges et ses recettes propres : et la fortune commune avec des charges et des recettes communes. Les dépenses communes se répartissent entre tous les établissemens en proportion de l’importance de leur fonds commun. Grâce à ce système ingénieux et savant, on a pu éviter la centralisation et la concentration des capitaux dans une caisse unique.

Au fond, l’institution allemande de l’assurance obligatoire n’est qu’une immense Société de secours mutuels. Grâce au système des primes moyennes, dont on trouvera l’explication très complète dans le livre de M. de Saint-Aubert, auquel nous avons eu tant de fois recours, on a pu adopter en Allemagne le système de répartition et éviter les inconvéniens si graves de la capitalisation. Ce système, qui a été très amélioré par la loi en 1899, a rallié la majorité des actuaires, et, sans avoir atteint la perfection, il est très certainement d’une application ingénieuse, dans tous les cas, pratique.

Ce qu’on ne saurait trop admirer, ce sont les résultats de cette loi tels qu’ils ressortent des publications du bureau de statistique de l’Office de Berlin. A la fin de 1898, 12 millions d’employés, sur 13 millions de salariés recensés, étaient assurés d’une retraite en cas de maladie ou dans leur vieillesse, et leur nombre augmente chaque année. Les sommes payées par les établissemens d’assurances se sont élevées en rentes pour la vieillesse, en 1891, à 15 306 702 marks et, en 1898, à 25 518 875 marks. Les rentes d’invalidité ont été, en 1891, de 52 millions et, en 1898, se sont élevées à 62 288 752 marks. Pour les huit années, c’est une somme totale de 208 541 370 marks.

In valeur moyenne des rentes d’invalidité a atteint 127 marks, soit 159 fr. 60. C’est bien médiocre, et un pareil résultat peut sembler dérisoire, mais il faut se rendre compte que, dans vingt ans, la rente pourra être doublée et qu’il suffit, pour l’obtenir,