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timbres de leurs membres et d’opérer le remboursement des cotisations. Dans d’autres, ce service a été confié aux communes et à des bureaux divers de perception communale. On a proposé de remplacer ce système par un autre mode de perception. Les socialistes préconisent un impôt général frappant les industries pour assurer des retraites aux ouvriers. M. Bœdiker, ancien directeur de l’Office impérial des assurances, a imaginé un autre procédé de perception. Dans l’industrie, les patrons verseraient directement une cotisation, proportionnellement au nombre de leurs ouvriers et au montant de leurs salaires. Les listes seraient envoyées périodiquement aux établissemens d’assurances. A la campagne, la taxe serait perçue en même temps que les impôts. Cette taxe serait fixée par les autorités administratives d’après le nombre normal d’employés occupés par chaque patron (Arbeits bewarf). Les patrons auraient toujours le droit de retenir sur les salaires la moitié du montant de cette taxe.

Ce système serait, lui aussi, d’une simplicité extrême ; mais il est assez difficile de déterminer ce que M. Bœdiker appelle le Arbeits bewarf, c’est-à-dire le nombre normal d’ouvriers employés. M. Bœdiker supprime les classes d’assurés, et, dans son projet, la base de toutes les rentes serait fixée à 12 marks par mois pour les hommes et 9 marks par mois pour les femmes. La rente serait acquise à toute personne ayant travaillé pendant les cinq ans qui précèdent l’invalidité. Elle s’accroîtrait d’une somme déterminée par chaque année de travail sans pouvoir dépasser le triple de la base, soit 36 marks pour les hommes et 24 marks pour les femmes. Encore qu’elle ait son côté séduisant, une telle combinaison a pourtant le tort de ne tenir aucun compte de la proportionnalité, et on peut dire, avec l’exposé des motifs de la loi de 1899 : « Tant que la durée du travail et le montant du salaire serviront de base à la rente, il ne restera pas de procédé plus ingénieux et plus efficace que le système du timbre, qui a pour lui une expérience de plus de dix années. »


VI

Mais la difficulté n’était pas seulement de déterminer les principes de l’assurance : il fallait encore créer des organismes pour en assurer le fonctionnement dans toutes les parties de l’Empire allemand. On peut s’étonner à bon droit que le