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les faits qui sont à ma connaissance. Si je n’ai pas parlé plus tôt, c’est que je m’estimais innocent. Mes réflexions m’ont démontré le contraire. »

Bicêtre avait porté conseil, et cette confession était évidemment sincère. Le préfet, cependant, n’en fut pas satisfait… Plus il avançait dans l’instruction de cette affaire, plus les ténèbres y devenaient épaisses ! Quel pouvait être l’inconnu, le monsieur de grosse importance, qui préparait ses mauvais coups dans la campagne de Rennes ? Dubois fit, à nouveau, comparaître Jour-deuil ; mais le gars champenois avait narré tout ce qu’il savait. L’interrogant préfet lui posa donc d’autres questions… « François Bertrand avait-il de la fortune ? — Lui ?… Rien que des dettes. — Comment alors avait-il payé l’imprimeur ? » Le domestique de l’officier ne put répondre, et Dubois poursuivit ses demandes :

« — Pourquoi, Jourdeuil, avez-vous quitté Rennes ?

— Pour venir retrouver un de mes premiers maîtres, le capitaine Fourcart.

— Où demeure le capitaine Fourcart ?

— A Versailles.

— Un voyage qui a duré bien longtemps !

— Ah dame ! lorsqu’on mène des chevaux en laisse, on ne chemine qu’à petites journées… D’ailleurs, je me suis arrêté à Versailles.

— Chez Fourcart ?

— Oui, un jour durant.

— A qui appartiennent les chevaux ?

— Aux officiers Fourcart, Marbot et Maurin.

— Que signifie le chiffre 1205, trouvé dans votre malle ?

— C’est l’adresse du citoyen Marbot : 1205, rue de Miromesnil… »

Le cadet du Bassigny avait dévidé son histoire ; il parut devenir trop discret : on le ramena donc à ce Bicêtre, inspirateur des sages réflexions.

Ce nouvel interrogatoire avait passionnément intéressé Dubois. Jourdeuil, — il n’en pouvait douter, — arrivait à Paris, porteur de quelque message. Mais quels étaient ces officiers, Maurin, Marbot, Fourcart ?… Une note explicative du ministre de la Guerre renseigna promptement le curieux préfet. L’adjudant-commandant Maurin, le lieutenant d’infanterie Adolphe