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norité de la Chambre entrent quelquefois dans les commissions les plus importantes. La majorité a jugé que, dans le cas actuel, elle ne devait rien laisser au hasard de ce qu’elle pouvait lui enlever par adresse, et voilà pourquoi elle a décidé que la commission des congrégations serait élue au scrutin de liste. Au lieu de remettre à chaque bureau le soin de nommer trois commissaires, la Chambre tout entière votera sur une liste unique, qui aura été préparée avec soin, et dont le succès intégral est assuré d’avance : toutes les précautions ont déjà été prises pour cela. Peut-être quelques membres de la minorité seront-ils admis à y figurer ; mais ils seront choisis et désignés au préalable par les dictateurs de la majorité, au lieu d’être élus librement par les bureaux. Leur situation morale s’en ressentira certainement, et nous comprenons très bien que M. Ribot, dans une observation qu’il a présentée, ou plutôt dans une réflexion qu’il a faite tout haut, se soit demandé si ses amis ou lui devaient chercher à entrer par cette porte en vérité un peu basse. Depuis, la question a été tranchée par l’intolérance des radicaux : sur 33 membres dont la commission se composera, ils ont voulu attribuer un si petit nombre de places aux progressistes que ceux-ci les ont refusées. Ne vaut-il pas mieux laisser à elle-même cette commission, qui aura peut-être, comme l’a dit M. Ribot, son heure de célébrité ? On sait d’avance quelle tâche elle accomplira, et ce serait perdre son temps que d’essayer de l’en détourner, même partiellement et exceptionnellement. Les efforts généreux qui pourraient y être faits pour sauver quelques congrégations particulièrement intéressantes ne seront connus que du procès-verbal. C’est à la tribune qu’il faut parler si on veut être entendu du pays, et cela seul importe aujourd’hui, car la Chambre a son siège fait. Ceux mêmes qui, dans la majorité, répugnent à la besogne qu’on leur impose, l’accompliront en gémissant, car ils ne sont plus libres : les comités radicaux-socialistes qui les ont fait élire ont les yeux sur eux.

Le bruit court, — mais il court dans les journaux les mieux renseignés, — que, sur les 61 congrégations d’hommes qui ont demandé à être autorisées, il y en a seulement quatre ou cinq qui le seront, si la Chambre se conforme, comme cela est probable, aux indications du gouvernement. Ainsi, sur 61 congrégations d’hommes, M. Combes n’en trouve pas plus de quatre ou de cinq qui soient dignes de vivre. On n’en donne pas encore les noms, mais on dit déjà que ce sont des congrégations qui se livrent à la contemplation ou à des travaux aratoires. Quant à celles qui se livrent à l’enseignement, comme les