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celles qui servent à l’alimentation de l’homme, le coton est, sans aucune comparaison possible, la plus importante, celle dont la demande, sur le marché universel, se développe avec le plus de constance et de régularité, au point qu’elle tend toujours à excéder l’offre. Un pays qui peut produire le coton en abondance et à bon prix est assuré d’une exportation énorme. On l’a bien vu par l’Egypte, dont la production de coton était modique, il y a un demi-siècle, et est devenue très considérable depuis quelques années ; de 1890-91 à 1899-1900, elle s’est accrue dans ce pays de plus de 60 pour d’00, atteignant dans cette dernière année 6 510 000 kantars de 50 kilogrammes, soit 325 500 tonnes ; l’étendue consacrée à cette culture était de 906 000 acres anglais[1], soit de 371 000 hectares. La production moyenne approche donc d’une tonne par hectare (exactement 877 kilos à l’hectare) ; il suffirait que dans le Soudan central on pût consacrer 125 000 à 135 000 hectares à la production méthodique du coton pour qu’on obtint, avec le même rendement, entre 110 000 et 120 000 tonnes de colon, en laissant plus de 100 000 pour l’exportation en Europe. Or, il n’est pas douteux que ce n’est pas seulement 125 000 ou 133 000 hectares qu’on pourrait planter en coton dans la région du Tchad, mais probablement le double, sinon le triple, de cette étendue.


V

Rien ne ressemble plus à l’Egypte que la région du Tchad ; c’est un climat analogue, avec plus de conditions de salubrité pour l’Européen, grâce à la fraîcheur des nuits en hiver, qui, d’après Barth, durant trois mois, s’abaisse à 4 ou 5 degrés au-dessus de zéro ; c’est une population de même nature, industrieuse, laborieuse et douce, M. Foureau l’a reconnu maintes fois ; c’est la même flore ; ce sont les mêmes cultures ; enfin et surtout tout ce Soudan central et, en particulier, les rives du Tchad sont des pays d’inondations régulières ; des étendues considérables de terrains, des centaines de mille hectares, sinon même un ou deux millions d’hectares, sont régulièrement couvertes chaque année par les crues du lac et des grands cours d’eau qui s’y jettent, le Komadougou, le Chari, le Bahr-el-Ghazal, etc.

  1. The Statesman’s Yearbook, 1901, p. 1164.