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contrée, elle-même peu étendue, que l’on appelle le Tagama et que Barth définit ainsi : pays riche en bœufs, en moutons et en chevaux (eine an Rindern, Schafen und Pferden reiche Gegend) ; il relève la présence de grands troupeaux de race bovine ; un lac, le lac Gamrek, entouré d’une végétation exubérante, une abondance de melons d’eau. Puis on entre, un peu au-dessous du 15e degré de latitude, dans le Damergou, pays ondulé et fertile (welliges fruchtbares Land), l’aspect en est riant avec beaucoup d’arbres, les champs de blé ou de millet y sont nombreux ; les villages aussi, certains sont très importans, ils offrent cette particularité que les huttes y sont souvent couvertes de cuir, ce qui prouve l’abondance des dépouilles d’animaux. Le voyageur allemand y note des bois épais, puis il oblique vers l’ouest et descend aux environs de Tessaoua, ville qui fait actuellement partie de nos possessions, après avoir constaté au nord, un peu au-dessous du 14e degré, les premiers champs de coton du Soudan (erste Baumwollen-Felder im Sudan)[1].

Les relevés de Barth, sauf sur l’étroit plateau entre l’Aïr et le Tagama, sont satisfaisans : les deux tiers du trajet entre l’Aïr et le Soudan appartiennent, suivant lui, aux contrées productives. Voyons si les observations de M. Foureau confirment celles du grand voyageur qui l’a précédé.

La mission saharienne, en partant d’Agadez, a suivi une route plus directe, un peu moins orientale au début et moins occidentale à la fin, et, au lieu d’arriver aux environs de Tessaoua, elle est tombée sur Zinder, point situé à la même latitude, mais à une moindre distance du Tchad. On traverse d’abord une plaine avec peu de végétation ; puis on arrive à un plateau ondulé et très boisé, et, le quatrième jour, on se trouve dans le Tagama, que M. Foureau décrit ainsi : « plateau ondulé où se rencontrent quelques emplacemens de gravier, mais dont le sol est en général du sable ferme sur du terrain argileux. » Ce pays est couvert d’arbres de petites dimensions, avec un sous-bois de graminées. « Nous cheminons dans une sorte de bois clairsemé, mais sans discontinuité et sans emplacemens nus appréciables… On a l’impression d’un taillis immense… La végétation, en tant que graminées, est très luxuriante et touffue. » La faune est abondante et variée : girafes, antilopes, gazelles, autruches, traces

  1. Voir la dernière carte du premier volume de Barth et la première carte du second volume, où se trouvent les annotations que nous rapportons.