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développement important. Il suffirait presque, pour qu’il se produisît, d’y établir la sécurité. Si, de plus, il s’y rencontre des richesses minérales, comme Barth en a relevé la trace, ce serait une contrée dont les « possibilités » seraient considérables. Le célèbre voyageur allemand relate que Tegidda ou Tekadda, qui est situé à sept jours de marche au sud-ouest d’Agadez, en passant par une autre agglomération intéressante, Ingal, était autrefois célèbre par ses mines de cuivre et que si, aujourd’hui, les habitans ont perdu le souvenir de ces mines, il est remarquable que les étriers et une grande partie des ornemens des chevaux soient encore faits en ce métal[1]. On sait que l’Afrique étonne de plus en plus le monde par ses richesses minérales. Le cuivre est un des métaux les plus recherchés par la civilisation : le prix en a varié, depuis quelques années, de 1 300 francs (cours actuel) à 1 700 ou 1 800 francs la tonne. Les Anglais ont découvert en 1901 et mettent en exploitation, aux environs du lac Tanganika, des gisemens de cuivre, dont le minerai contient, affirme-t-on, 30 à 40 pour 100 de métal ; même si la teneur des gisemens près de l’Air était moitié moindre, il serait possible que ces minerais supportassent un transport de 2 500 kilomètres en chemin de fer, ce qui, à 2 centimes et demi ou 3 centimes le kilomètre, ne les grèverait que de 62 à 75 francs la tonne. Les minerais anglais des rives du Tanganika n’auront guère, et cela dans un pays beaucoup plus difficile et plus malsain, un trajet moindre à effectuer.


II

En sortant de l’Aïr, Barth, qui a suivi un tracé un peu oriental, note un court plateau désertique, de 2 000 pieds ou 600 mètres d’altitude et d’environ un degré de latitude de longueur, livré à la plus grande insécurité ; les arbres y sont rares, les pâturages n’y manquent pas, il s’y trouve des puits peu nombreux ; puis bientôt le pays s’améliore, les girafes, les bœufs sauvages, les autruches y abondent (die Heimath der Giraffe, des wilden Ocksen, des Strausses, etc.) et l’on arrive à une

  1. Barth, Reisen und Enldeckungen, t. Ier, p. 510 et 511. M. Foureau (Mission saharienne, p. 413), parle d’Imgal, comme d’un grand village, qu’il n’a pas du reste visité, situé à une centaine de kilomètres d’Agadez, contenant un millier d’âmes et ayant de médiocres salines.