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vallée, les troupeaux de moutons et de chèvres du village… Il paraît, du reste, qu’à Aoudéras, c’est chose courante que de telles alertes et qu’à chaque instant, les indigènes sont victimes de pillages de la part des nomades. » Des remarques de même nature reparaissent à propos d’autres localités[1].

Il n’est pas besoin de chercher d’autre cause à l’étroitesse des cultures et au déclin de la population : les terres se cultivent et se peuplent en raison tout autant de la sécurité dont on y jouit que de la fertilité qu’elles possèdent. Quant à celle-ci, elle ressort de la concordance des observations de M. Foureau avec celles de Barth. La population de l’Aïr, d’humeur douce, est assez raffinée. M. Foureau nous en présente plusieurs échantillons intéressans et l’un tout à fait remarquable, El-Hadj-Yata, qui habite un village du nord de l’Aïr, deux fois Hadj, c’est-à-dire pèlerin à la Mecque, fils lui-même d’un pèlerin, « sorte de vieux philosophe, aimable, affable et courtois, » parlant et écrivant fort bien l’arabe, « esprit ouvert et chercheur, » se souvenant de Barth et d’Edwin von Bary ; « plein de savoir vivre et d’aménité, » et qui prit intérêt à la mission saharienne et chercha à lui faciliter sa tâche[2]. A côté de celui-ci, il s’en rencontra quelques autres, assez dévoués, dont un certain Akhedou, quoique Targui[3]. Il se trouve dans l’Aïr des ouvriers assez habiles, notamment des forgerons, qui, outre leur tâche habituelle, font avec adresse des bijoux pour femmes[4]. Une notable partie de la population paraît être d’origine égyptienne et avoir été poussée dans cette région écartée par les invasions qui se sont produites dans la vallée du Nil. Les femmes ont souvent « l’aspect d’Européennes, avec un visage simplement bronzé. » Divers détails du costume et de la coiffure compliquée de certains habitans portent un « irrécusable témoignage » de cette origine, « leur teint est moins foncé que celui de nos Chambba d’Algérie. » Parfois, on retrouve chez divers, femmes ou hommes, « exactement le type du fellah égyptien[5]. »

Ainsi, de toutes façons, par la nature du sol et parcelle des hommes, l’Aïr apparaît comme une terre susceptible d’un

  1. Mission saharienne, p. 258, 260, 277, 278, 314, 342, 351.
  2. Ibid., p. 240, 241, 310, 311.
  3. Ibid., p. 339. 340, 308.
  4. Ibid., p. 426.
  5. Ibid., p. 355, 423, 484, 485.