Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 12.djvu/122

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

arborescentes apparaissent : « Les grands gommiers sont plus fréquens maintenant dans la brousse et, un peu plus tard, commencent à apparaître de loin en loin des Dania, de 8 à 10 mètres de haut, à frondaison globuleuse ressemblant à des châtaigniers et dont les feuilles sont analogues à celles du caroubier, disposées de même façon et présentant le même aspect… De chacun des petits sommets, nous jouissons d’un horizon relativement étendu sur les halliers qui nous entourent de toutes parts, et au milieu desquels se produisent des échappées de vue tout à fait charmantes ; les arbres sont plus variés que par le passé et, dans la dépression, de beaux Téboraq sont revêtus de feuilles. Tous les petits thalwegs sont recouverts de Mrokba et autres graminées vertes. Le gibier est partout extrêmement abondant et de nouveaux oiseaux à plumage vert brillant viennent frapper nos regards, on voit aussi des perdrix, des cailles, etc. La végétation arborescente et celle plus petite du sous-bois sont partout très florissantes et de nombreuses espèces nouvelles se présentent… Nous campons sous un gros Dania, dont la large envergure nous fournit une ombre bienfaisante[1]. » Et une gravure du texte représente toute une quantité de bêtes et de gens accroupis sous cet arbre aux rameaux étendus. Ces derniers passages s’appliquent au paysage situé un peu au sud d’Agadez. On ne peut, certes, refuser à M. Foureau, si vives qu’aient été les angoisses que lui causait la perfidie des Touareg, l’art de peindre les contrées, pleines de vie végétale et animale, qu’il traverse dans l’Aïr. Et tout ce pays est classé comme faisant partie du Sahara, et M. Foureau lui-même lui attribue une nature saharienne. Le Sahara comprend donc sur de vastes étendues des régions où s’épanouit la vie sous toutes ses formes, où les possibilités de vie surtout abondent. Il ne s’agit pas ici d’une ligne d’oasis comme dans le nord ou le centre du Sahara ; ce n’est pas sur des terrains irrigués que poussent ces arbres et ces plantes ; on a vu qu’ils grimpent jusqu’au sommet des collines.

C’est, cependant, en « une année relativement sèche, » que la mission saharienne a traversé toute cette zone, et une végétation variée, parfois dense et drue, s’y rencontre. Si sèche que soit l’année, il pleut, peu ou prou, très fréquemment dans

  1. Mission saharienne, p. 265, 297, 307, 312, 317, 324, 328, 332, 333, 334, 335, 353, 480, 481, 482.