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méridional ; il en est cependant de très caractéristiques : « La végétation est fort belle dans cette rivière et composée des arbres déjà indiqués, au milieu desquels les gommiers répandent la suave odeur de leurs multiples fleurs. De nombreux petits affluens plats serpentent sur le plateau large et se divisent en innombrables filets qui s’égarent dans des bosquets rians où abondent les pintades et les gazelles. » C’est un « océan de verdure formé par les arbres de la vallée. »

Voulez-vous savoir ce que sont ces gommiers ? « Les grands gommiers sont ici très beaux ; beaucoup d’entre eux arrivent à 60 centimètres de diamètre et même dépassent cette taille. » Un diamètre de 60 centimètres équivaut à bien près de deux mètres de circonférence ; voilà les arbres que l’on rencontre dans l’Air entre Iferouane et Aoudéras, entre le 19e et le 18e degré, à 500 ou 600 kilomètres au nord du Tchad ; voilà un trait qui doit changer la conception que l’on se fait du Sahara.

Et c’est en ces endroits que l’on trouve dans le Journal de M. Foureau des notes du même genre : « La ramure des grands gommiers de la rivière…, on reste saisi par la vue merveilleuse qui s’étend sur toute la haute vallée d’Aourarène, représentant une belle masse de verdure dominée par la silhouette sombre du mont Bila. » Et fréquemment reviennent ces notes : » La haute taille des gommiers de la région…, on procède à des abatis dans la forêt de gommiers…, le lit de l’ouad large et très boisé…, tous les mamelons aux collines élevées, situées à notre droite sont couverts de végétation jusqu’à leur sommet ; » c’est dans le texte même de M. Foureau que ces mots sont soulignés. « Nous continuons à remonter le lit de la même rivière, qui n’est bientôt plus, entre les montagnes, qu’un ravin plat et élevé, dont le sol est recouvert, sur plus de la moitié de sa surface, d’une petite herbe naissante aussi agréable à l’œil que douce aux pieds. Cette circonstance, jointe au boisement des collines environnantes, produit le plus singulier effet en ce lieu où l’on se croirait plutôt sur de hautes cimes d’Auvergne, si ce n’était l’aspect particulier des arbres qui ne rappellent en rien la France. » C’est à la partie septentrionale de l’Air que s’applique cette description. Ce bois de gommier a, d’ailleurs, du mérite. Le Journal parle plus loin de bracelets faits « en cœur de gommier qui prend une belle teinte de vieux palissandre. »

Dans la partie méridionale de l’Aïr, d’autres espèces