Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 11.djvu/891

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dédiée au fameux acteur Chtchepkine son grand-père, et à dix-huit ans fit jouer sa première pièce, Tableau d’été.

On voit que depuis trente ans les femmes russes se sont fait une place honorable dans les lettres ; elles en ont une plus haute encore dans les sciences. Quel autre pays peut se vanter de posséder une mathématicienne au-dessus de Sophie Kovalevsky ? Nous nous rappelons l’accueil qui lui fut fait à Paris lorsqu’elle y remporta en 1888 un triomphe sans précédens, l’Académie des sciences lui ayant décerné le prix Bordin dont le sujet de concours avait été proposé six ans de suite sans succès par l’Académie de Berlin : perfectionner en un point important la théorie du mouvement d’un corps solide.

Parmi les femmes peintres, assez nombreuses à en juger par la liste de leur Union récemment fondée à Saint-Pétersbourg, nous avons connu et apprécié Marie Bachkirtseff.

L’activité des dames russes dans les œuvres de bienfaisance peut rivaliser avec celle des Américaines, et l’association, le meilleur moyen de succès à notre époque, leur est facile et naturelle. Il existe plusieurs associations qui n’ont besoin que de se rassembler pour devenir une force. La principale, celle qui réunit dans son sein les présidentes de plusieurs autres sociétés, l’Association de secours mutuels, a si bien réussi que le nombre de ses membres dans les trois premières années a dépassé 2 000. A la tête se trouve Mme Anna de Filosofov qui fut déléguée au Congrès international des femmes tenu à Londres en 1899. On espère en voir sortir un futur conseil national qui figurera au prochain Congrès. Alors seront énumérées en détail dans d’intéressans rapports et posées selon leur mérite les œuvres et les personnalités dont je n’ai pu donner ici qu’un aperçu très incomplet.


TH. BENTZON,