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est le moins difficile d’adapter ; mais encore faut-il qu’elle soit adaptée, et mise, non point seulement « en rapport avec les nécessités politiques d’une démocratie, » mais, pour ce qui est de la France, en harmonie avec les circonstances politiques, économiques et sociales de la France de 1900. Convaincus, comme ils le sont, que le régime parlementaire est essentiellement un régime de relation et d’équilibre, lequel équilibre ne saurait être obtenu et maintenu entre les organes de l’Etat que par la limitation réciproque des devoirs et des pouvoirs, ils ne se proposent pas de « refondre complètement le parlementarisme » en vue de donner, dans l’Etat, la toute-puissance à la Chambre, ni, dans la Chambre, la toute-puissance à la majorité ; mais simplement de réformer avec prudence le parlementarisme, en vue de restaurer ou d’instaurer le vrai régime parlementaire : aucun organe impuissant, aucun tout-puissant ; aucun parti sacrifié, aucun déifié. Il leur importe peu de sauver les apparences, c’est la réalité qu’ils ne consentent pas à perdre : aussi songent-ils, non à détruire le parlementarisme, mais à le construire. Et ils savent bien que construire ou restaurer le régime parlementaire ; et, pour le restaurer, le réformer ; et, pour le réformer, le limiter ; que tout cela ni rien de cela n’est œuvre commode, ni tâche d’un jour, d’un effort et d’un outil ; qu’on n’y parviendra pas d’une traite et en bloc ; qu’une « refonte, » si complète soit-elle, du règlement de la Chambre n’y suffira pas ; et que ce ne sera pas trop de l’attaquer, simultanément ou successivement, dans et par le règlement, les lois et la constitution.


II

Toute la doctrine et tout le programme tiennent dans cette formule : « Changer en un parlementarisme limité et régulier le parlementarisme illimité et arbitraire dont les excès discréditeraient à la fois le régime parlementaire et la République elle-même ; » tout le plan d’action peut tenir dans une seconde formule : attaquer la besogne, qui sera longue et lourde, simultanément ou successivement, par le règlement, les lois et la constitution. Mais ce n’est pas serrer assez les termes et il faut maintenant préciser.

Nous avons dit ailleurs que, pour nous, la réforme nécessaire