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Le groupe socialiste s’est réuni hier sous la présidence du citoyen Labussière.

Il a entendu un exposé très intéressant fait par le citoyen de Pressensé sur les règlemens des divers parlemens européens dans lesquels les commissions sont nommées par les Chambres et non par les bureaux. Ces commissions admettent toujours la représentation des minorités.

Le citoyen de Pressensé a été chargé d’élaborer un projet de modification du règlement de la Chambre, qui sera présenté au groupe dès la rentrée.


Puis l’Aurore entourait ce communiqué, signé du secrétaire du groupe, M. Marius Devèze, de commentaires précieux, et, malgré leur concision, richement fourrés de doctrine et d’histoire :


Ajoutons, — c’est le journal qui l’ajoute, — que le citoyen de Pressensé entend procéder à une refonte complète du règlement de la Chambre. Le règlement vieillot que ses auteurs empruntèrent en grande partie aux traditions des assemblées cléricales et aux règles en usage jadis dans les grandes réunions du clergé est moins que jamais en rapport avec les nécessités parlementaires et politiques d’une démocratie. Le projet du citoyen de Pressensé sera soumis au groupe dans les premiers jours de novembre.


Ainsi le plan des socialistes est : 1° de substituer aux commissions nommées par les bureaux des commissions nommées par les Chambres ; 2° de procéder à une refonte complète du règlement de la Chambre des députés. Telle est, au moins, l’intention de notre très distingué confrère et collaborateur, M. Francis de Pressensé, qui est aujourd’hui le théoricien du « parti de la révolution sociale, » dont M. Jaurès est l’orateur, M. Millerand l’homme d’Etat, et M. Aristide Briand le tacticien. Mais pourquoi cette « refonte complète » du règlement ? Pour en expulser jusqu’aux dernières traces d’esprit et de rituel « clérical, » ces formules gelées et ces gestes figés depuis « les grandes assemblées de l’Eglise de France » en une sorte de liturgie mal laïcisée ; pour mettre le règlement de la Chambre « en rapport avec les nécessités parlementaires et politiques d’une démocratie. »

Et il y a bien, dans le texte, le mot « parlementaires ; » mais reste à savoir ce que sont, dans la pensée du groupe socialiste et notamment de M. de Pressensé, « les nécessités parlementaires et politiques d’une démocratie, » et ce que serait, par conséquent, le régime parlementaire « mis en rapport avec elles, » en bon