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désir bien vif d’apprendre le prochain retour… vous savez bien de qui. Il est sous ce double rapport tel que vous l’avez connu et comme le premier jour après votre départ.

J’ai eu l’honneur de lui annoncer, conformément à vos intentions, la prochaine arrivée du serre-papier en albâtre. Il a lu votre lettre avec une émotion fort visible.

Vous devinez mes vœux, monsieur le baron…, je sens aussi tout l’intérêt qu’il y a, dans ces circonstances surtout, à conserver M. l’Év… d’H…[1] et je crains, à vous dire toute ma pensée, que, sans avoir pris d’engagement aussi formel et aussi étendu que paraît l’avoir fait M. d’H…[2], il n’y ait un point sur lequel il se croit lié, moins encore par ce qu’il a dit ou fait en France avant son départ, que par son langage ou sa conduite à Prague, à la fin d’octobre. Au fond, il est excellent et professe pour vous toute l’estime que vous méritez. Mais voilà une lettre bien longue et qui, adressée à un voyageur, devient indiscrète, malgré vos bontés pour moi. J’ai d’ailleurs pour m’en tenir là et pour finir en ce moment mon entretien avec vous une raison que personne mieux que vous ne peut apprécier. C’est que j’ai bien peu d’instans à disposer, le Roi m’ayant depuis trois jours fait l’honneur de me charger de remplacer M. d’H… auprès de son auguste petit-fils pour le service de la maison du prince, le jour et la nuit et pour les promenades, bien entendu jusqu’à l’arrivée de l’officier général sur qui se sera fixé le choix de Sa Majesté.

Je vous prie de faire agréer mes hommages respectueux à Mme la baronne de Damas. Vous connaissez les sentimens de haute considération et de tendre attachement que je vous ai voués pour la vie et avec lesquels j’ai l’honneur d’être,

Monsieur le baron,

Votre très humble et obéissant serviteur,

BILLOT.


Prague, 19 février 1834.

Le Duc de Bordeaux avait écrit plusieurs fois à son ancien gouverneur ; nous nous bornerons à reproduire, comme la plus caractéristique, sa lettre du 27 novembre 1834 :


Mon cher monsieur de Damas, voilà un an passé que je ne vous ai vu ; le temps m’a paru bien long. Vos lettres m’ont fait grand plaisir. J’ai passé à peu près un mois avec les fils du duc de Blacas, qui sont charmans ; aussi sont-ils élevés par les Jésuites. Tout ce qui sort de leurs mains est bon. La duchesse est ici avec Louis, mais les autres sont partis avec leur père, qui les reconduit à Fribourg. J’ai bien pensé à vous le jour de la Toussaint[3], et cette parole de l’Évangile de ce jour : Beati qui lugent, m’a encore frappé. Cela m’a rappelé le temps où je tâchais de vous retenir ici avec l’abbé

  1. L’évêque d’Hermopolis.
  2. M. d’Hautpoul.
  3. Anniversaire du départ du baron.