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tout moyen d’action au moment où son traité avec la Régence allait arriver à échéance, se résigna, non sans peine, et négocia, avec le ministère du quai d’Orsay, une « convention consulaire et d’établissement, » et une « convention d’extradition, » qui furent signées, l’une et l’autre, le 28 septembre 1896 : tout en accordant des garanties à ses nationaux, elles abolissaient le traitement d’exception dont ils jouissaient dans la Régence, et elles admettaient que les Italiens ne seraient, à l’avenir, justiciables que des tribunaux français ; d’ailleurs, le fait seul qu’une convention entre l’Italie et la France était substituée à une convention entre l’Italie et la Tunisie, était une reconnaissance formelle du régime nouveau issu du traité de Kassar-Saïd. Presque en même temps, la Russie et la Suisse signaient des déclarations équivalentes à celle de l’Autriche. L’Allemagne y consentit également, entraînée par l’exemple de ses deux alliées, et désireuse aussi, sans doute, au moment où les affaires d’Orient occupaient toute son attention, de faire à la politique française une concession opportune. Après elle, successivement, la Belgique, l’Espagne, le Danemark, les Pays-Bas, la Suède et la Norvège firent des « déclarations » analogues. La Grande-Bretagne restait donc seule ; et il était évident, dès lors, que sa résistance et sa mauvaise volonté persistante n’étaient plus que de vaines manifestations ; elle se décida enfin, non sans mauvaise humeur, à conclure « l’arrangement » du 18 septembre 1897 ; moyennant que, jusqu’au 1er janvier 1912, ses cotonnades ne seraient pas frappées, dans la Régence, de droits supérieurs à 5 pour 100 de leur valeur, elle reconnut, à son tour, le nouvel état de choses créé en Tunisie par le Protectorat français.

Cette campagne diplomatique, si habilement menée et si heureusement terminée par M. Hanotaux, ne faisait en apparence que mettre fin à un conflit de juridiction, qu’étendre à la Tunisie les traités et conventions en vigueur en France, et procurer des avantages à notre commerce : elle équivalait, en réalité, à une seconde conquête de la Régence ; elle nous en rendait vraiment les maîtres, en supprimant les servitudes dont elle était grevée, et, du même coup, elle libérait Bizerte.

En même temps que se poursuivaient les dernières négociations pour la révision des traités, le gouvernement acceptait et la Chambre votait le projet de loi, proposé par M. Lockroy et « rapporté » par M. de Mahy, qui ouvrait un crédit de 200