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pastorale et agricole, sinon intense, du moins fructueuse ; il se rencontre, dans ces prétendues solitudes, 10 à 12 habitans par kilomètre carré, et c’est déjà quelque chose. Bien des points, sur la longue étendue du Sahara, nous apparaissent, d’après l’idée que suggèrent à la réflexion les récits de M. Foureau, comme pouvant valoir à peu près autant que les contrées de France que nous venons de nommer, et valussent-ils deux ou trois fois moins qu’ils se prêteraient encore, surtout avec une population sobre et peu exigeante, à une certaine exploitation. On peut donc espérer quelque avenir pastoral et agricole pour le Sahara. Il est permis de croire qu’une fois que la sécurité y sera assurée, — et ce sera maintenant pour nous une œuvre facile, quoique graduelle, — il se formera, de l’Algérie au Soudan, toute une succession de groupes d’oasis, non pas toujours de dattiers, mais de pâturages et d’élevage de bétail. Le journal de M. Foureau, quoique le vaillant explorateur n’en ait peut-être pas conscience, nous apparaît comme la réhabilitation du Sahara.

Nous ne parlons ici qu’au point de vue de la surface ; car, en ce qui concerne le sous-sol, on ne sait rien et l’on ne peut que conjecturer. M. Foureau considère qu’il doit y avoir des gisemens carbonifères dans le Nord, et il a traversé beaucoup de terrains ferrugineux. Il est hors de doute qu’une immensité pareille, dont la plus grande partie est formée, non pas de sable, comme on le croit, mais de quartz et de granit, doit receler des richesses minérales.

Pour le moment, nous n’en tiendrons aucun compte. Il nous suffit que le Sahara vaille quelque chose par sa surface même. Il est important surtout parce qu’il constitue la route la plus courte de la Méditerranée centrale et des grandes capitales européennes, Paris, Londres, Bruxelles, Berlin, à celles des contrées de l’Afrique qui ont le plus d’avenir, une route de plus entièrement française.

Le journal de M. Foureau démontre que l’établissement d’un chemin de fer transsaharien aboutissant à la région du Tchad ne rencontrerait aucun obstacle, nous ne disons pas insurmontable, mais vraiment sérieux. M. Foureau le reconnaît implicitement dans sa conclusion : « Si l’on ne veut le considérer que comme un instrument de domination (d’autres disent un chemin de fer impérial, et c’est évidemment la même chose), le transsaharien, sous ce point de vue spécial, serait alors une œuvre splendide,