Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 11.djvu/533

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nomme des gassis, couloir à sol dur, entre les dunes[1], parfois d’une grande largeur et, en tout cas, d’une longueur énorme : « Le commandant Pujat s’avancera avec un goum, par le gassi Touil, en forant des puits en route… La route se poursuit sur l’interminable gassi Er-Ghessal… Nous parcourons le gassi El-Adham… Les spahis sahariens et un grand nombre de goumiers, montés aussi à méhara, s’avancent en ligne de bataille sur la surface plane du gassi[2]. » La continuité d’une plaine de sable mouvant est, en ce qui concerne le Sahara, une légende. Cela ne veut, certes, pas dire qu’il n’y ait pas, de place en place et de temps à autre, des orages de sable ; mais ce sont des accidens, ce n’est nullement la caractéristique du pays.

Il en est de même pour l’absence de pluies et d’eau. Certes, le Sahara est une région sèche, mais il y pleut, et il s’y rencontre une quantité de puits ou points d’eau, sans parler des nombreux ghedirs, « mare ou trou d’eau momentané, point où se conservent un certain temps les eaux de pluie[3]. » Fréquemment et quelquefois pendant toute une série de jours consécutifs, le journal de M. Foureau mentionne des chutes de pluie : le 4 novembre 1898 : « Temps généralement couvert, assez chaud, et à trois reprises, quelques larges gouttes de pluie ; » 7 novembre : « Il s’est produit, en ces points, peu de temps avant notre passage une chute de pluie ; » 26 novembre : « Averse assez copieuse, mais courte ; » 27 novembre : « Comme la veille nous avons dans la soirée quelques gouttes de pluie avec un ciel menaçant ; » 28 novembre : « Nous recevons une série de petites et courtes averses, depuis quatre heures du matin jusque vers midi ; « 1er décembre : « Nous recevons des gouttes éparses de pluie jusqu’après neuf heures du matin… Le soir et dans la nuit, orage avec quelques violentes averses. Cet état de l’atmosphère ne nous permet de partir le 2 décembre qu’assez tard. » 12 décembre : « Dans la première partie de la nuit, chute d’un peu de pluie avec vent du nord[4]. » À cette dernière date, la mission était déjà, depuis six semaines, partie des environs de Ouargla. Il y avait vingt-cinq jours qu’elle avait quitté Timassânine ; elle se trouvait dans le Tindesset, aux abords du Tassili et, en fait, bien près du centre

  1. Mission saharienne, p. 28 ; c’est la définition qu’en donne M. Foureau.
  2. Ibid., p. 20, 28 à 30.
  3. Ibid., p. 32.
  4. Ibid., p. 27, 29, 40, 41, 56.