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contact avec la mission et de lui amener des convois d’approvisionnement. Le capitaine Pein établit même un poste temporaire de 50 ou 60 hommes, sensiblement plus au sud encore, à Amguid[1], qui était indiqué jadis, comme le terminus de la première section du Transsaharien et qui se trouve à 600 mètres d’altitude aux abords du plateau central du Sahara. Le contact fut maintenu entre le capitaine Pein et la mission saharienne, et des convois furent transmis par celui-ci à celle-là jusqu’à In-Azaoua, point d’eau situé bien au-delà du milieu du Sahara. C’est là que le lieutenant de Thézillat, commandant le dernier convoi envoyé d’Algérie, rejoignit la colonne Foureau-Lamy ; au lieu de le renvoyer vers le nord, on jugea plus prudent de l’adjoindre avec sa petite troupe à la colonne pour marcher sur le Soudan.

Ainsi, la traversée soit de la moitié, soit des deux tiers environ du désert fut accomplie par divers petits convois, commandés par des officiers français avec escorte, pour rejoindre le corps principal, lui apporter des courriers et l’approvisionner. Comme ces petits convois de ravitaillement ne suivirent pas toujours exactement la même route que la mission Foureau, qui les précédait, il en résulte la connaissance d’autres trajets partiels et des renseignemens précieux qui s’ajoutent à ceux de la mission elle-même ; il se dégage, par exemple, des relations du capitaine Pein, qu’il a traversé des districts mieux pourvus en ressources naturelles que ceux qu’a parcourus M. Foureau[2].

A partir d’In-Azaoua, qui est un peu au-dessous d’Assiou, c’est-à-dire du 21e degré, d’après la carte détaillée de Barth, la mission saharienne resta sans relations aucunes avec le nord.

D’après les renseignemens fournis et que nous avons résumés, la colonne, forte ainsi, avec les convois libres, d’environ 400 hommes et de 1 200 à 1 300 chameaux, abondamment munie de cartouches, de provisions pour les deux canons, de dynamite et de mélinite, était admirablement préparée pour résister à toute attaque des nomades du désert, gens habituellement armés de lances. Mais il fallait que cette troupe nombreuse, avec tous ses bagages qui, outre les munitions, comprenaient de nombreux objets d’échange, verroteries, cotonnades, etc., traversât tout le Sahara, c’est-à-dire une immensité, que l’on se figure toute de

  1. Mission saharienne, p. 77.
  2. Nous avons reproduit des passages des rapports du capitaine Pein dans notre article sur le Chemin de fer transsaharien. Voyez la Revue du 1er juillet 1899, p. 107.